Les départements et Pôle emploi viennent de signer un nouveau protocole pour renforcer l’accompagnement global des demandeurs d’emploi. Objectif : augmenter dès 2019 de 43% le nombre de personnes ainsi accompagnées et améliorer leur retour à l’emploi. Ce dispositif lancé à partir de 2014 – en faisant travailler en tandem des conseillers de Pôle emploi et des travailleurs sociaux -, obtient de bons résultats sur le retour à l’emploi des chômeurs en difficulté.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le président de l’Assemblée des départements de France (ADF), Dominique Bussereau, et le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, ont renouvelé leur collaboration pour une approche globale de l’accompagnement vers l’emploi. Un nouveau protocole, destiné à renforcer le dispositif existant, a été signé le 5 avril 2019.
Il prévoit d’augmenter de près de 43% le nombre des personnes accompagnées dès 2019 et d’améliorer leur retour à l’emploi, indique un communiqué diffusé le 15 avril.
Les départements et Pôle emploi s’engagent à réduire les délais d’entrée en accompagnement global, afin de prendre en charge plus rapidement les personnes en difficulté, avec un objectif de délai moyen de trois semaines. Ils souhaitent aussi renforcer la coordination entre les conseillers de Pôle emploi et les travailleurs sociaux des départements, « pour faciliter le travail conjoint ». Mais la collaboration doit aussi permettre de développer des actions pour contribuer à l’insertion des publics les plus fragiles, notamment en matière d’inclusion numérique, de mobilités géographiques ou de garde d’enfants. Les partenaires mettront en place des actions concertées pour favoriser les recrutements.
Une nouvelle forme d’accompagnement
Cet accompagnement global, qui a été initié en 2014, s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté annoncée par le président de la République le 13 septembre 2018, qui instaure un service public de l’insertion et fait de l’accompagnement de tous vers l’emploi une priorité. La stratégie prévoit ainsi le déploiement progressif de la « garantie d’activité » à partir de 2019 : une nouvelle offre d’accompagnement mixte, sociale et professionnelle, destinée aux nouveaux allocataires du RSA et qui inclut à la fois l’accompagnement global mis en place par Pôle emploi et les départements mais aussi une offre nouvelle déployée dans le cadre d’une garantie d’activité départementale. Cette nouvelle forme d’accompagnement vise 300.000 personnes à horizon 2022.
Le protocole s’inscrit aussi dans le cadre des conventions de lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi signées entre l’État et les départements, sur la base des propositions de Frédéric Bierry, président de la commission solidarité et affaires sociales de l’ADF. Le rapport de Frédéric Bierry remis à la ministre du Travail le 19 février 2019 fixe l’ambition de ces conventions et définit les moyens pour accélérer l’orientation et renforcer l’accompagnement des allocataires du RSA, notamment grâce au déploiement de la garantie d’activité.
Une augmentation de 27% du taux de retour à l’emploi durable
L’accompagnement global des demandeurs d’emploi avait été initialement mis en place en janvier 2014 dans le département du Doubs. Les autres départements se sont lancés dans l’aventure : des conseillers de Pôle emploi travaillent en tandem avec les travailleurs sociaux des départements, permettant un accompagnement portant à la fois sur les difficultés sociales et professionnelles.
Cette prise en charge renforcée porte ses fruits, en particulier pour le retour à un emploi durable. Dans une étude publiée en novembre 2018, Pôle emploi signale que 50.100 personnes étaient en accompagnement global fin décembre 2017, avec une part importante de personnes éloignées de l’emploi (50% ont une durée d’inscription en catégorie A d’au moins douze mois au cours des quinze derniers mois), de faible niveau de formation, résidentes en quartier prioritaire de la ville et bénéficiaires du RSA. Six mois après leur entrée dans le dispositif, 13% des bénéficiaires avaient accès à un CDI ou un CDD de plus de six mois, soit trois points de plus que pour une population suivie par Pôle emploi. Une année après leur entrée dans le dispositif, plus de la moitié des personnes avaient eu accès à l’emploi : 43% à un emploi de plus d’un mois et 23% à un emploi durable (CDI ou contrat temporaire de plus de 6 mois). Des résultats qui doivent être évalués au regard des publics visés, par définition très éloignés du marché du travail.
Améliorer le diagnostic partagé
Autre enseignement de l’étude : le dispositif est plus efficace quand les travailleurs sociaux sont dédiés ou qu’il existe une animation spécifique dans les territoires d’action sociale, le diagnostic étant alors perçu comme partagé et l’interaction partenariale plus forte. Des axes de progrès sont mis en évidence par Pôle emploi, comme l’amélioration du diagnostic partagé et de l’orientation, le contenu de l’accompagnement et les modalités de sortie du dispositif.
Certains départements publient aussi les résultats de la démarche sur leur territoire. C’est le cas du département de l’Oise, qui obtient en 2017 les meilleurs résultats de sa région dans ce domaine. Il comptait ainsi 3.768 personnes bénéficiaires du dispositif au 30 juin 2017. À l’issue du dispositif, 46,1% des personnes accompagnées ont trouvé un emploi, créé leur entreprise ou bénéficié d’une formation.