Une étude du Cner à paraître à la rentrée 2019 et dont les premières conclusions ont été présentées en juin, met en avant les caractéristiques des agences d’attractivité que plusieurs départements ont créées depuis les récentes réformes territoriales. Mixité des publics, double mission, ingénierie territoriale : ce sont les principales facettes de ces nouvelles agences, qui tendent à remplacer les agences de développement économique, dont ces territoires ne peuvent plus disposer avec la nouvelle répartition des compétences au sein des collectivités territoriales.
Le mouvement au sein des agences de développement économique n’est pas prêt de s’arrêter. Avec les lois Notr et Maptam, seules les régions et les métropoles sont habilitées à disposer d’agences de ce type, la compétence relative au développement économique leur incombant. En mettant fin à la clause générale de compétences, le gouvernement comptait réduire massivement le nombre d’agences, et particulièrement celles constituées au niveau départemental. Dans un premier temps, cela a été le cas, avec la suppression d’une vingtaine d’agences. Mais rapidement, les départements, et d’autres territoires sur des échelons plus petits, ont décidé de contourner le problème par le biais de l’attractivité. Car si l’accompagnement et la distribution de subventions aux entreprises leur sont maintenant interdits, rien ne les empêche de s’emparer des problématiques d’attractivité, mission qu’ils considèrent impossible à mener au niveau régional.
Dix-sept agences d’attractivité
« Les agences de développement régionales se sont concentrées sur les stratégies économiques régionales et ont un peu délaissé l’attractivité, explique ainsi Gérard Lombardi, responsable marketing et développement au Cner, la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation, c’est une mission difficile à remplir par le niveau régional mais indispensable. Par exemple entre le département du Rhône et celui du Cantal, il ne peut y avoir la même politique d’attractivité ; et pour le territoire du Cantal, qui est au milieu du Massif central et desservi par une seule autoroute, s’il n’y a pas de politique d’attractivité, aucune entreprise ne viendra s’y installer spontanément. »
Conséquences : on dénombre aujourd’hui 17 agences d’attractivité. Douze ont été créées en 2017, une en 2018 et déjà deux (l’agence d’attractivité Hello Lille et l’agence de développement touristique et d’attractivité des Côtes d’Armor, Côtes d’Armor Destination) en 2019. « Trois départements devraient encore en créer, explique à Localtis Gérard Lombardi, finalement il peut y avoir autant d’agences d’attractivité que de départements ! » Cela dit, le responsable du Cner assure qu’il y a une véritable coordination entre les différents échelons, avec une attraction des entreprises réalisée par les niveaux infrarégionaux à travers ces missions de promotion et d’attractivité, puis les aides aux entreprises et leur accompagnement, pris en charge au niveau de la région…
Une mixité des publics ciblés
D’après les premières données de l’étude du Cner, qui doit être publiée à la rentrée 2019, ces agences d’attractivité nouvelle génération font l’objet d’une grande diversité. Diversité dans les échelons territoriaux donc mais aussi diversité dans les contextes locaux. En résultent des démarches différentes mais qui se rassemblent autour de deux facettes : l’attractivité économique d’un côté, mission historique des agences de développement économique, et l’attractivité touristique, métier historique des organismes de gestion de la destination, comme les offices de tourisme, mais aussi l’attractivité résidentielle élargie (touristes de loisirs, d’affaires, habitants, professionnels).
Autre particularité de ces agences : la mixité des publics ciblés, dont les entreprises, les touristes de loisir, les touristes d’affaires, les porteurs de projets, les habitants, les professionnels, etc. Ainsi Latitude Manche cherche à accroître la notoriété du département au-delà de ses frontières et à fédérer acteurs privés et publics dans le projet. Ses objectifs : faire de la Manche un territoire accueillant et privilégié pour les nouveaux talents, qu’ils soient salariés ou porteurs de projets, en valorisant le cadre de vie et les opportunités professionnelles, stimuler la mise en relation des entreprises et des salariés pour faciliter les recrutements. Mais cela ne s’arrête pas là. L’agence a également la mission de développer l’offre de soins en attirant de nouveaux professionnels de santé (médecins généralistes, spécialistes, dentistes) et en favorisant leur installation et de créer un esprit « Manche », fédérant un réseau d’influenceurs constitué des habitants, des entrepreneurs et des médias…
« Une entreprise au service des entreprises »
Les agences d’attractivité sont d’ailleurs parfois le fruit de fusion entre des agences de développement et des offices de tourisme. C’est le cas de « Toulouse a tout » née de la fusion de trois entités : l’office de tourisme de la métropole toulousaine, l’agence toulousaine de développement économique « Invest in Toulouse », et la société d’économie mixte (SEM) Convention Bureau, qui accompagne et soutient les organisateurs de manifestations. Au cœur de ses activités : le tourisme d’agrément et le tourisme d’affaires, et les actions en faveur de la promotion de la destination auprès des investisseurs et des entreprises. « Nous sommes comme une entreprise au service des entreprises », a détaillé Hubert Calmettes, directeur de l’agence « Toulouse a tout », lors d’un colloque sur les agences d’attractivité organisé en juin 2019 par le Cner.
Ces agences d’attractivité ont une autre spécificité. Elles offrent ainsi un accompagnement aux acteurs locaux en apportant expertise et ingénierie, pour qu’ils puissent eux-mêmes mener des projets en faveur de l’attractivité du territoire, qu’ils soient acteurs publics ou privés. Exemple avec l’agence Seine-Maritime Attractivité (SMA) qui développe une politique de soutien au développement local des territoires, avec un accompagnement des communes et intercommunalités dans leurs projets.
Double mission, mixité des cibles, ingénierie territoriale… Au-delà de ces caractéristiques, les agences d’attractivité contribuent globalement à l’attractivité de la destination « France » insiste aussi le Cner.