Au regard de leurs compétences en matière de cohésion sociale et solidarités, près de trois quarts des Départements français sont aujourd’hui inscrits dans des projets et accords de coopération à l’échelle européenne et internationale, majoritairement en Afrique Subsaharienne, au Maghreb et en Europe de l’Est.
La prise de conscience des ravages de la sécheresse au Sahel dans les années 1970 a initié le lancement de démarches de coopération décentralisée, sous la forme d’aides à l’urgence. Les interventions ont par la suite évolué vers des actions d’aide au développement, assurant plus particulièrement le cofinancement de projets d’infrastructures ou d’équipements. Dès les années 1990-2000, les acteurs publics ont souhaité aller plus loin dans le partenariat, à travers des projets d’appui à la gouvernance locale et de renforcement des compétences. Le défi des nouveaux projets émergents portés actuellement par les collectivités est celui de l’inscription dans une dynamique d’intérêt mutuel pour répondre à des défis communs.
L’inclusion économique et sociale à l’international : entre volonté politique et nécessité d’appropriation locale
Fondés sur l’existence d’enjeux partagés entre partenaires, les projets d’inclusion économique et sociale à l’international promeuvent l’échange et l’expérimentation, dans l’objectif de favoriser un développement locale durable et inclusif des territoires en coopération. La réflexion sur cette thématique a émergé dans un contexte politique national et international favorable, l’ADF s’inscrivant en tant que partenaire privilégié.
De novembre 2012 à mars 2013, M. Claudy Lebreton (Président de l’ADF et du Conseil Général des Côtes d’Armor) et M. André Viola (Président du Conseil Général de l’Aude et de la Commission Relations internationales et Coopération décentralisée au sein de l’ADF), ont participé activement aux Assises du développement et de la solidarité internationale, organisées en réponse à un engagement de campagne du Président Hollande. Soucieux de l’intégration des projets menés par les acteurs locaux du territoire, le Ministre délégué chargé du développement d’alors, Pascal Canfin, a préconisé la réalisation d’une étude sur ces questions d’inclusion économique et sociale en matière de coopération décentralisée.
En parallèle, quinze années après les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’ « Agenda post-2015 » de l’ONU sera adopté en septembre 2015. Mettant en place 17 nouveaux objectifs de développement durable, le processus s’est accompagné d’une démarche de « localisation ». Il s’agit ainsi d’anticiper et prendre en considération le regard des acteurs locaux quant à la détermination des objectifs et leur mise en œuvre sur le terrain
L’étude partenariale, première pierre d’une dynamique à poursuivre : des solutions partagées en réponse à des défis communs
Présentée le 03 mars 2015, l’étude « Agir en coopération pour un développement local durable et inclusif » a permis d’initier une démarche partenariale qui se veut pérenne. Menée par l’ADF en collaboration avec la délégation pour l’Action extérieure des collectivités territoriales et l’Agence Française de Développement (AFD), elle s’est fixé 3 objectifs :
- Apporter une contribution à la position française sur la construction de l’Agenda de développement post-2015 et des ODD
- Affirmer et consolider l’engagement des collectivités territoriales à coopérer dans le champ de l’inclusion économique et sociale
- Doter les collectivités et leurs partenaires d’une vision prospective et d’une capacité d’ingénierie, de montage et de mise en œuvre des projets, à travers un guide méthodologique
Bénéficiant d’un regard sur les démarches de coopération décentralisée en France, complété par une mission de terrain au Maroc, l’étude réalise un focus sur la thématique de l’inclusion à travers 27 projets portés par les acteurs locaux, parmi lesquels figurent 7 Départements du territoire national.
Un projet conduit avec une collectivité en Pologne a par exemple permis d’échanger sur les pratiques entre les professionnels français et polonais de structures sociales. Cette coopération fondée sur la réciprocité est venue enrichir le projet de développement social du Département, ciblant plus spécifiquement le public en marge (sans abris, victimes de violence) et la question de l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap.
Autre application concrète de projet de coopération : l’animation d’un chantier formation. Conduit en partenariat entre un Département français et une commune du Togo, le chantier a profité à 7 bénéficiaires du RSA encadrés par 2 travailleurs sociaux du département pour accompagner la construction d’un lycée.
Un groupe de suivi pluri acteurs animé par l’ADF s’est constitué pour la réalisation de cette étude sur le thème de l’inclusion. Il a notamment mis en exergue la nécessaire complémentarité des acteurs dans les territoires. Réunissant une vingtaine de structures (Etat, Collectivités territoriales, ONG, réseaux régionaux multi-acteurs…), il a aujourd’hui vocation à perdurer. L’objectif est de poursuivre cette synergie et construire une réflexion commune sur la base de l’appréciation de la mise en œuvre des préconisations sur le terrain.
A ce stade, 4 Départements sont d’ores et déjà engagés dans la démarche : l’Aude, les Côtes d’Armor, la Loire Atlantique et la Meurthe-et-Moselle . Les observations sur le terrain viendront ainsi alimenter la réflexion du groupe de suivi, et permettre ainsi de capitaliser sur les bonnes pratiques. Des éléments de méthodes dont pourront bénéficier les collectivités pour lutter contre l’exclusion économique et sociale.