Depuis quelques jours, on avait quelque peu passé sous silence les cols et les côtes… Changement radical de programme entre Châtel-Guyon dans le Puy-de-Dôme et Puy Mary dans le Cantal, deux villes-étapes inédites. Troisième massif exploré cette année après les Alpes du Sud et les Pyrénées, le Tour s’offrait aujourd’hui une escapade dans la Chaîne des Puys – faille de Limagne, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2018, au cœur du parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Une étape de géant !
La Grande Traversée du Massif Central
Avec pas moins de 7 ascensions à gérer et 4 400 mètres de dénivelé positif cumulé dans la journée, record de cette 107e édition, l’addition s’annonçait salée. Certes, pas de col hors catégorie ou d’interminables montés, mais des pentes redoutables posées ici ou là, entrecoupées de routes vallonnées. Au royaume de Michelin, des cités thermales et de la pierre noire de Volvic, les téléspectateurs auront pu découvrir, tout au long des 191,5 km de cette 13e étape, les charmes des paysages verdoyants presque ondulatoires et des habitations aux toitures de lauzes si symboliques des villages de montagne d’Auvergne.
Démarrer sur les côteaux de Châteauguay, poursuivre sa route avec une vue imprenable sur le Puy-de-Dôme, les Roches Tuilière et Sanadoire et le lac de Guéry, longer les thermes de Mont-Dore pour terminer sa route au sommet du Pas-de-Peyrol, la richesse ne se limite pas aux AOP fromagères en Auvergne ! Truffade, Cantal, Salers et autres gourmandises qui font la renommée de la cuisine auvergnate auront régalé les suiveurs. Il faudra revenir pour l’associer… au VTT, puisque le Puy-de-Dôme et le Cantal disposent tout naturellement d’itinéraires Vélo & Fromages. La Grande Traversée du Massif Central ou « GTMC » pour les connaisseurs propose tout au long du parcours des haltes fromagères appréciées des cyclistes… de quoi repartir les sacoches et le ventre pleins !!
Les Français prennent l’eau dans le Puy
A l’applaudimètre, les régionaux avaient la côte : du traditionnel « ça va Bardet » sur les banderoles aux « Cav le TGV » peints dans l’ascension de la première difficulté du jour, le Col de Ceyssat, les supporters n’ont pas manqué d’encourager leurs héros. Rien de plus normal quand on sait que Rémi Cavagna est né à Clermont-Ferrand au pied du Puy-de-Dôme, à tout juste 15 km de l’ascension, alors que Romain Bardet a grandi du côté de Saint-Flour dans le Cantal. Une proximité avec leurs terrains de jeu d’origine qui n’aura pas manqué d’inspirer le « TGV de Clermont-Ferrand », échappé pendant une bonne partie de l’étape avec 16 autres compagnons de fortune. Malgré l’entente cordiale installée dans le groupe, les pourcentages ont littéralement fait exploser la course, à l’instar d’une lave en fusion dans le cratère d’un volcan ! On ne comptait plus les coureurs distancés, chez les baroudeurs comme les leaders. Bardet, distancé. Martin, distancé, les coureurs français boivent la tasse. Plus surprenant, le lauréat de 2019, Egan Bernal, cède à son tour… Les Slovènes s’entraident et grapillent secondes après secondes, avec une facilité déconcertante. A l’avant, les Bora manquent une occasion de l’emporter ; le dernier vainqueur du Critérium du Dauphiné, Daniel Martinez, est le plus malin et signe un nouvel exploit au Pas de Peyrol. Qui a dit qu’il fallait attendre les Alpes pour voir du spectacle ?