L’ambiance était telle cet après-midi au cœur des 3 vallées qu’on se serait presque cru un 14 juillet. Les Savoyards, grands amateurs d’alpin, aiment tout autant le vélo et l’ont fait savoir dans les dernières pentes vers la station de Méribel et le final inédit au sommet de la Loze. Sons de cloches, déguisements en tout genre, encouragements jusqu’à la voiture balai, la grande fête du Tour était bien là, un 16 septembre !
Un festival alpin
C’est au pied de la Tour Perret que le départ de la 17e étape du Tour fut donné. A deux pas du Stade des Alpes, sur le terrain du FC Grenoble, les phases de jeu promettaient d’être rudes : Col de la Madeleine – Col de la Loze, deux piliers de choix pour tenter de rabattre les cartes ou transformer l’essai…
Pendant près de 90 km, le peloton a mené le train sur un rythme rapide en creux de vallée, laissant découvrir les panoramas de l’Isère et de la Savoie : Chartreuse, Dent de Crolles, Belledonne, Bauges, à n’en pas douter les vues d’hélicoptères ont une nouvelle fois offert un incroyable spectacle vu du ciel. Impossible de s’endormir d’autant qu’une fois arrivés à La Chambre, la route allait brusquement s’élever…
Une étape hors catégorie
La suite du programme était réservée aux afficionados des cimes hors catégorie. Début des hostilités avec un géant du Tour, le col de la Madeleine sur une pente constante, sans véritable replat le long des 17,1 km à 8,4 %. Dès le pied de col, les lacets à près de 9 % sur 4 km ont donné le ton ! Une fois passée la station de ski familiale de Saint-François-Longchamp, restait trois kilomètres à escalader au milieu des alpages et des marmottes et une plongée de l’autre côté de la vallée pour une longue descente jusqu’à Moûtiers.
Place alors à la dernière montée, interminable, de 21,5 km à 7,8 %. D’abord l’accès classique à la station de Méribel, chauffée à blanc, sur une large route à la pente « acceptable », avant d’attaquer le col de la Loze. Cette ancienne route forestière, entre piste de ski et chemin étroit, récemment goudronnée a conduit les rescapés à 2 300 mètres d’altitude, sur des pentes de plus de 9 %, avec des passages à 18, voire à 24. On en frissonnait d’avance…
Un vainqueur, des losers à la Loze
Un vainqueur, des losers, le jeu de mots était facile pour un final à la Loze… Et pourtant, depuis le début de cette 107e édition, preuve est de constater que l’écrémage se fait par l’arrière, et que celui qui emmènera le Maillot Jaune jusqu’à Paris aura davantage su résister qu’attaquer.
A plus de 2 000 m d’altitude, les organismes ont souffert et malgré l’ambiance et les encouragements appuyés des supporters, l’enchaînement des deux monstres du jour aura fait de gros dégâts. Julian Alaphilippe tente un dernier baroud d’honneur et cède au pied de Méribel. Carapaz semblant un temps pouvoir venger son leader Egan Bernal, non partant à Grenoble, est repris par le groupe des favoris. La course s’emballe. Yates, Porte, sont lâchés, Uran est décramponné du podium, par un autre colombien qui impressionne. Miguel Angel Lopez fait une démonstration dans un final dantesque qui voit derrière lui s’affronter les deux champions slovènes. Roglic renforce le jaune et Pogacar affiche pour la première fois quelques limites. Le top 10 est bouleversé, le spectacle de toute beauté.
A l’arrivée ce soir, l’appréciation de ce final original était unanime : le Tour repassera ici, on peut en être sûr…