Elle nous avait manqué ! L’Alpe d’Huez a fait son grand retour dans le Tour ! La mythique station iséroise et ses 21 virages légendaires ont donné une fois encore du fil à retordre à nos coureurs. Déjà éprouvés par l’enchaînement Galibier-Granon de la veille, ils ont dû affronter 3 nouveaux géants classés hors catégorie. La réplique exacte du tracé de 1986 au départ de Briançon dans les Hautes-Alpes. Et comme bien souvent, il n’y a pas eu de Français victorieux en ce 14 juillet. A la place du drapeau tricolore, c’est l’Union Jack qui était à la fête !
L’image est restée dans la légende. Il y a 36 ans, le Français, quintuple vainqueur du Tour de France, Bernard Hinault et l’Américain Greg LeMond franchissaient la ligne d’arrivée à l’Alpe d’huez, bras dessus, bras dessous et tout sourire. La hache de guerre était enterrée, l’espace d’un instant. Le tracé du jour était le remake de celui de 1986. Objectif des organisateurs : « clôturer la bataille des Alpes sur un parcours taillé pour les grimpeurs les plus tranchants ». Il fallait en effet du feu dans les jambes pour affronter cette 12ème étape et ses 4 750m de dénivelé positif !
Le Galibier plutôt deux fois qu’une !
Depuis les contrebas de la ville de Briançon, le peloton est d’abord revenu sur ses pas, sans avoir le temps de se remettre de ses émotions. Direction le col du Galibier, déjà emprunté la veille, mais cette fois dans l’autre sens. Le toit du Tour (2 642m de haut) a été escaladé par le marchepied du Lautaret et son versant sud, moins raide que le nord. Le tracé nous a ensuite emmené en haut de la Croix-de-Fer, beaucoup plus verdoyante. Avant la délivrance, il restait encore à franchir les 21 virages numérotés de l’Alpe d’Huez conduisant à l’arrivée au sommet. Et pas toujours facile de s’y frayer un chemin. Surtout pour notre balayeuse, le gros Léon. Car les routes sont étroites et le public aime prendre toute la place, tel un mur infranchissable.
La ferveur gronde ici comme nulle part ailleurs
La station est réputée pour son ambiance tumultueuse, façon kops de stade de foot. On y retrouve tout ce qui fait l’essence même du Tour de France, puissance 21. Ici, on danse. De façon endiablée. On chante. Fort. On porte des déguisements improbables. On boit. Beaucoup. Parfois on y campe pendant des jours. Et enfin on se colle aux véhicules et aux coureurs. A chaque virage ou presque. Cette promiscuité a par le passé créé des problèmes. Au point de décourager les organisateurs de la Grande Boucle qui ont du mal à contenir le trop gros enthousiasme de cette foule en délire. Notamment dans le virage numéro 7, celui dit des Hollandais. Heureusement, aujourd’hui, pas de débordement à signaler. Près de 600 gendarmes avaient été déployés pour l’occasion.
Finalement le feu d’artifice du 14 juillet fut bon enfant. En attendant celui du soir, beaucoup rêvaient de voir un Français lever les bras au ciel au sommet de l’Alpe. Il n’en fut rien. Ni la station, ni le jour de fête nationale ne réussissent en général aux Français. Le dernier à s’être imposé ici fut le Franc-Comtois Thibaut Pinot. C’était il y a 7 ans. Mais en ce jour de gloire, les espoirs tricolores ont vite été balayés par un Britannique. Une fois là-haut, Tom Pidcock n’a donné la main à personne. Il a franchi la ligne d’arrivée en solitaire, et signé le deuxième succès de sa carrière. Sans conséquence pour le maillot jaune, toujours danois à l’issue de la journée. Au lendemain du chef-d’œuvre d’intensité du Granon, on ne peut s’empêcher de rester sur notre faim. La trilogie alpine se conclue ainsi dans la station iséroise. Demain retour à un relief moins torturé. Les coureurs apprécieront.