La petite reine au pays de l’ovalie

Les Français n’y croyaient plus. Il aura fallu attendre la 19ème journée pour voir l’un des leurs s’imposer ! Peu d’entre eux auraient parié sur Christophe Laporte. C’est pourtant lui qui a déjoué tous les pronostics et déboulé devant ses concurrents lorsqu’ils s’y attendaient le moins : dans les ultimes kilomètres de course, pour leur chiper la victoire d’étape. Il n’en fallait pas plus pour que tout un pays crie cocorico ! Les locaux eux disent déjà qu’il faut revenir plus souvent dans le Lot, car ça porte chance. Il est vrai que la petite reine n’y avait plus mis les roues depuis bientôt 15 ans. La balle est dans le camp des organisateurs ! Eux qui relèvent tous les défis, même ceux qui paraissent impossibles, comme s’installer dans un village de moins de 1 000 habitants.

Imaginez le grand barnum de la Grande Boucle, avec ses 4 500 membres itinérants, débarquant dans un village de 800 habitants. C’est exactement ce qui s’est passé aujourd’hui à Castelnau-Magnoac. Du jamais vu dans la petite bourgade des Hautes-Pyrénées, guère habituée à voir ainsi sa quiétude troublée. « C’est pas grave, au contraire, ça fait de l’animation ! », lance un retraité depuis son balcon. La discussion naît naturellement avec plusieurs membres de la caravane publicitaire qui s’excusent d’avoir envahi sa rue. Et si ce n’était qu’une rue ! Sur la place principale du village, on ne voit que ça. Du jaune et du noir partout. Les couleurs du Tour de France. Le manque d’espace rend le village plus intimiste. Et c’est ce qui plaît. Presque immédiatement, on s’y sent comme chez soi. Les terrasses des cafés sont bondées. Breuvage mousseux ou boisson chaude à la main, aucun Magnoacais ne voulait rater ça.

La fierté de Castelnau-Magnoac

Même si la ferveur du vélo ne dépassera ici jamais celle du ballon ovale. Castelnau-Magnoac est bien connu des amateurs de rugby. L’endroit a vu grandir un champion : Antoine Dupont, l’actuel capitaine du XV de France. C’est dans le club du Magnoac FC que tout a commencé pour l’un des meilleurs joueurs européens. Dans le village, un restaurant porte même son nom. Alors comment se passer de sa présence aujourd’hui ? Antoine Dupont se devait d’être là. Et sur le village départ, il a failli éclipser tout le reste. Mais c’était sans compter sur la présence de l’ancien Premier ministre, Jean Castex, qui n’a pas débarqué en fin de matinée pour jouer les figurants. Il n’a fallu que quelques secondes pour qu’un essaim de journalistes et de badauds bourdonne autour de lui, scrutant ses moindres faits et gestes. L’épiant en train de déguster une tranche de noir de Bigorre (ces cochons reconnaissables à leurs oreilles basses et leurs pattes courtes et fines) et s’amusant de le voir se délecter d’un vin de Cahors, caractérisé par son rouge intense.

Laporte sauve l’honneur

Loin des mondanités du village départ, c’est une autre ambiance qui régnait côté paddock. Ici, pas de charcuterie ni d’alcool, mais des boissons énergisantes et beaucoup de concentration avant d’affronter les 188,3 km les séparant de l’arrivée à Cahors dans le Lot. Le tracé du jour nous a aussi emmené dans le Gers et le Tarn-et-Garonne. Sur le chemin, petit clin d’œil à la famille royale danoise qui possède le château de Cayx. De quoi boucler la boucle en quelque sorte. Car la fin s’approche à grand pas. En attendant, le Lot jubilait. Il n’avait plus accueilli la course cycliste depuis 2008. Et pour son grand retour, il a laissé des traces.

Non pas en raison du passage par Montcuq, village au nom évocateur qui a le don d’arracher un sourire et de déclencher de nombreux commentaires grivois, mais parce que le Département a été le théâtre de la première victoire tricolore du Tour. Celle de Christophe Laporte, qui a déjoué tous les plans des sprinteurs à Cahors. A 29 ans, le voilà qui signe sa première victoire sur un Grand Tour. Et il n’est pas le seul Français à avoir cartonné aujourd’hui. Ils sont 3 dans le top 8 ! Chez les favoris, rien à signaler. Journée tranquille pour Jonas Vingegaard, toujours leader du classement général. Peu de chance que ça bouge. Plus qu’une étape en ligne de mire avant la capitale. Une étape 100% lotoise, un contre-la-montre de 40,7 km entre Lacapelle-Marival et Rocamadour.

 

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