Départements et sapeurs-pompiers de France rappellent leur volonté de voir le « 112 » imposé comme numéro unique d’appel d’urgence. Mais la création d’un nouveau numéro, le « 113 », qui engloberait toutes les situations médicales (urgentes ou non), dans le but de désengorger les urgences, n’est toujours pas tranchée.
Profitant de la « Journée européenne du 112 », l’Assemblée des départements de France (ADF) appelle à la généralisation de ce numéro unique d’appel pour l’ensemble des urgences. Dans un communiqué du 11 février, intitulé « Journée européenne du 112 : urgence à le concrétiser en France ! », les départements rappellent leur « attachement à la mise en place rapide de ce numéro unique de réception des appels d’urgence ». Créé en 1991 et disponible dans tous les pays de l’Union européenne depuis 2000, le 112 centralise les appels d’urgence qui, en France, sont répartis entre différents numéros comme le 15 (Samu), le 17 (police) et le 18 (pompiers). S’il fonctionne au niveau européen, le 112 a beaucoup de mal à s’imposer en France, alors qu’il y est opérationnel. Pourtant, en cas de réseau saturé pour les appels depuis un téléphone portable, le 112 est prioritaire sur les autres numéros d’appel d’urgence.
Dans son communiqué, l’ADF « appelle donc à ce que les décisions attendues tout prochainement, tant en matière de réception des appels d’urgence que de la mise en place d’un service d’accès aux soins, aboutissent à la seule option cohérente : un numéro unique pour l’ensemble des situations urgentes, médicales ou non ». L’objectif défendu par l’ADF est de « mettre fin à une profusion de numéros dédiés (15, 17, 18, 112, 115…) devenue illisible pour nos concitoyens » et de permettre « le renforcement de la coordination des différents services (sapeurs-pompiers, Samu, police nationale et gendarmerie nationale) ».
Trois options sur la table
Là se situe précisément la difficulté, matérialisée par l’opposition entre les pompiers – les Sdis étant des services départementaux, d’où le soutien de l’ADF – et les médecins. Les premiers sont favorables au 112, quand les seconds préconisent la création d’un numéro – le 113 – dédié aux urgences médicales, en faisant valoir que les trois quarts des appels qui passent aujourd’hui par le 115, le 17 ou le 112 concernent des urgences médicales. Les différentes parties pressent le gouvernement de trancher, d’autant plus que cette réforme interfère avec le « pacte de refondation des urgences », lancé pour répondre à la crise de ce secteur. Outre le maintien du système actuel – qui ne peut être totalement exclu étant donné la grande sensibilité du sujet –, trois solutions principales sont sur la table : basculer toutes les urgences sur un numéro unique (le choix du 112 étant alors le plus rationnel), instaurer une dualité entre le 112 et le 113, ou créer un numéro unique, mais en le complétant par la mise en place d’un « service d’accès aux soins » (SAS). Ce dernier pourrait avoir pour numéro le 116 117 (le numéro européen d’assistance), déjà expérimenté dans les Pays de la Loire, en Corse et en Normandie, et serait dédié aux demandes de soins non programmés et au conseil médical. Cette création, à laquelle l’ADF n’est pas opposée, aurait l’avantage de libérer les services d’urgence des « fausses urgences » qui les encombrent aujourd’hui et de les réorienter vers la médecine de ville. Les sapeurs-pompiers de France se montrent eux aussi favorables à « un tel guichet unique d’accès aux soins », vu comme le « complément indispensable » des numéros d’urgence. Mais ils se disent « totalement opposés » au 113.
La question est désormais de savoir ce que la ministre entend mettre dans ce SAS. Deux rapports qui lui ont été remis fin 2019 – le rapport Mesnier-Carli et celui d’une mission interministérielle – préconisent de faire cohabiter le 112, dédié aux secours et à la sécurité, et le 113 répondant à l’ensemble des situations médicales, urgentes ou non. Interrogée sur BFMTV le 5 février, la ministre semblait plutôt sur cette ligne, même si elle a pris soin de préciser que « ces décisions n’ont pas encore été arbitrées ». Elle a toutefois assuré que le SAS disposerait d’un numéro unique dès le « mois de juin », sans préciser lequel. « Je suis favorable à ce que les Français aient un numéro quand ils ont un problème de santé qui leur permette d’avoir un médecin au téléphone et d’être orientés soit vers un médecin généraliste, soit vers les urgences », a-t-elle développé.