Chaque année, le Salon International de l’Agriculture (SIA) met en avant les spécificités et les savoir-faire de l’agriculture française. Maillons territoriaux essentiels, les Départements jouent un rôle déterminant dans les espaces ruraux, notamment pour l’agriculture. Leur échelle d’intervention et leur proximité leur permettent de soutenir l’agriculture locale et porter des projets structurants tels que l’aménagement numérique, vital à une agriculture moderne.
Le développement agricole, un pan de l’Histoire de France
« L’homme a été l’ouvrier, le responsable de ces jardins, de ces champs, de ces vergers, de ces villages, jamais tout à fait les mêmes. Il a été l’acteur, le metteur en scène […]. » C’est ainsi que l’historien Fernand Braudel a défini le rôle prépondérant des travailleurs de la terre dans le développement des territoires au fil des siècles. Car aussi loin que l’on remonte, la tradition agricole française n’a eu de cesse d’exister, de façonner le paysage des Départements et de contribuer à leur prospérité.
Malgré une baisse inexorable du nombre d’exploitations agricoles (de 2,3 millions en 1955 à 450 000 exploitations en 2016 selon l’INSEE), celles-ci ont fortement accru leur productivité au fil du temps. Si bien que le nombre moyen de personnes nourries par un agriculteur français est passé de 15 à plus de 60 en une quarantaine d’années (Sénat, Rapport d’information – Le nouvel espace rural français, 2008). Cette capacité d’adaptation s’avère précieuse et nécessite aujourd’hui d’aller plus loin compte tenu des contraintes et des enjeux à venir.
La nécessité de relever de nouveaux défis
Si la France agricole a réalisé de nombreux progrès en quelques décennies seulement, elle doit cependant poursuivre ses efforts pour faire face aux enjeux et problématiques actuels : changement climatique, accroissement de la population mondiale, étalement urbain, révolution technologique (robotisation, biochimie…) ou préservation de l’environnement, autant de changements qui viennent contraindre le développement agricole.
Depuis quelques années, le pays traverse une crise majeure, se heurtant à une forte concurrence internationale avec un effondrement des prix notamment du lait ou de la viande, à des crises sanitaires et des récoltes de plus en plus difficiles du fait des aléas climatiques. Malgré tout, certains pans de l’agriculture française résistent et figurent parmi les plus gros postes d’exportation du pays, la viticulture et de la production fromagère en tête. Des produits tels que le cognac ou le vin, le camembert, le comté, le roquefort et autres fromages AOC font la fierté de nos territoires, dans l’Hexagone comme à l’international !
L’agriculture française peut compter sur le soutien d’une population française très attachée à la terre, ses produits et ses exploitants. En effet, selon un sondage réalisé par Odoxa pour Groupama en janvier 2017, 9 français sur 10 pensent que l’agriculture est un atout important pour la France.
Tracer les sillons de l’agriculture de demain
A bien des égards, l’échelon départemental est pertinent pour optimiser le développement des ruralités, tout en favorisant une croissance équilibrée des territoires et une diversité qui fait leur force et leur richesse. Les Départements agissent en effet au quotidien en soutien à l’agriculture et pour le développement des territoires :
- Depuis la loi NOTRe, le Département peut, par convention avec la Région et en soutien de celle-ci, soutenir les productions agricoles (développement du bio, formation, installation des jeunes agriculteurs, modernisation des exploitations…) et améliorer la qualité de vie des agriculteurs ;
- En matière de sécurité sanitaire, les laboratoires départementaux d’analyse œuvrent notamment au contrôle sanitaire agronomique, environnemental et de l’eau ;
- Les Départements soutiennent des politiques d’aménagement et de développement des territoires : déploiement du Très Haut-Débit (THD), schémas d’accessibilité des services au public, ingénierie auprès des communes et EPCI, promotion du tourisme source de diversification des activités à la ferme, lutte contre la consommation des terres agricoles en milieu périurbain, etc.
- Par leurs politiques d’achats publics, les Départements peuvent orienter l’approvisionnement des cantines scolaires et des espaces de restauration collective vers les circuits courts.
Face aux défis posés au monde agricole, l’Assemblée des Départements de France entend proposer des solutions adaptées. La commission Nouvelle Ruralité, présidée par Pascal COSTE, Président du Département de la Corrèze et lui-même ancien agriculteur, a récemment formulé 25 propositions ambitieuses pour dynamiser les espaces ruraux (cf. rapport). La ruralité est d’ailleurs l’un des thèmes majeurs sur lesquels les candidats à l’élection présidentielle de 2017 s’exprimeront le 8 mars, lors du rendez-vous organisé par l’Assemblée des Départements de France.
Parmi ces propositions, une part importante concerne le numérique et les avancées technologiques, offrant de nouvelles possibilités d’innover, de travailler à distance, de développer les services publics et le tissu social. Les Départements sont très investis en la matière et contribuent activement au développement progressif du numérique et du THD, en particulier dans les zones isolées non couvertes par les grands opérateurs. Une offre de service indispensable au développement des exploitations puisqu’en 2016, selon le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, 81% des agriculteurs ont fait usage d’internet dans leur métier.
ÉMERGENCE de nouvelles dynamiques
En proie à de nombreux changements, la ruralité cherche à se réinventer. Les nombreux acteurs investis dans le monde agricole (producteurs, entrepreneurs, consommateurs…) misent sur de nouveaux modèles. Encouragés par l’apport du numérique et de tendances sociétales émergentes, on assiste depuis plusieurs années à l’expansion de nouvelles habitudes de consommation, à l’apparition de start-ups innovantes liant numérique et agriculture, à la progression des circuits-courts, de plateformes de financement participatif, etc. Plus que jamais, ces initiatives complémentaires des traditions agricoles dont nous avons hérité gagnent à être encouragées. Les Départements soutiennent ce type d’initiatives, parmi lesquelles :
- Le Département de la Gironde, par son soutien au mouvement du « Drive Fermier », contribue à la mise en relation directe des consommateurs et des producteurs ;
- Dans le Département de La Réunion, les « marchés péis » sont dédiés aux fruits et légumes de saison, aux fleurs, miels et divers produits transformés, ainsi qu’aux signes de qualité tels que l’Agriculture Raisonnée (AR) ou l’Agriculture Biologique (AB) ;
- A l’instar de bien d’autres, le Département des Pyrénées-Atlantiques développe par exemple une restauration scolaire de qualité via la démarche « Manger Bio & Local, Labels et Terroirs ». En 2016, tous les collèges du Département avaient participé à la démarche ;
- Le réseau Agrilocal, plateforme d’achats de produits locaux pour la restauration collective créée à l’initiative de la Drôme et du Puy-de-Dôme, est devenu un outil majeur de mise en relation entre les acheteurs publics et des producteurs agricoles locaux ; il compte désormais plus de 30 Départements adhérents.
En tout état de cause, ces projets favorisent le maintien d’une agriculture locale tout en renforçant les liens de confiance et de proximité entre producteurs et consommateurs.
Une vingtaine de Départements seront une nouvelle fois présents au Salon International de l’Agriculture, en porte-étendards du savoir-faire de nos agriculteurs et de la diversité agricole des territoires départementaux. Rendez-vous à la Porte de Versailles, à Paris, du 25 février au 5 mars !
Ci-après, la liste des Départements présents au SIA 2017 :
Allier, Hautes-Alpes, Ariège, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cantal, Dordogne, Drôme, Eure, Haute-Garonne, Hérault, Haute-Loire, Loire-Atlantique, Lozère, Manche, Martinique, Mayotte, Nord, Orne, Pays de Savoie, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Saône-et-Loire, Seine-Maritime, Vaucluse, Yonne…