Au même titre que l’habitat ou l’emploi, les mobilités sont indispensables au développement des territoires et à la vie quotidienne des habitants. Comment les Départements agissent-ils pour répondre aux nouveaux enjeux et à la demande sociale ? L’ADF a consacré un atelier coprésidé par François Durovray, Président de l’Essonne et Président de la Commission Mobilité de l’ADF, et Yves Krattinger, Président de la Haute-Saône et Vice-Président de la Commission, à cette thématique phare devenue une priorité dans l’approche des politiques publiques.
« Il y a plusieurs révolutions à l’œuvre : le digital pourra être une réponse pour accroître la capacité des infrastructures et la révolution écologique agira en faveur des mobilités actives ». C’est sur ce constat que François Durovray, Président de l’Essonne et de la Commission Mobilité de l’ADF, a ouvert cet atelier. Car il est vrai que les politiques de mobilité s’inscrivent dans un contexte en constante évolution : besoins de mobilité croissants, enjeux environnementaux, révolutions technologiques, nous sommes entrés dans l’économie de la donnée intimement liée à la mobilité. L’offre de service, les modes de déplacements et les attentes des usagers s’en trouvent largement impactées. A cette situation mouvante s’ajoute pour les Départements un paysage institutionnel en évolution. Après la Loi NOTRe qui a privé les Départements du statut d’autorités organisatrices de Transport et en attendant le vote de la loi LOM, les Départements jouent de fait un rôle décisif pour faciliter, financer et organiser les mobilités. Comment agissent-ils ? A quels enjeux doivent-ils faire face ?
Mobilités, un enjeu sociétal et d’aménagement
La diversité des témoignages des intervenants est venue renforcer l’idée que la question de la mobilité ne se limite pas aux déplacements. Fanny ARAV, Conseillère au Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), a notamment souligné les liens avec les enjeux plus globaux liés à l’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’habitat, l’environnement, la transition numérique et les enjeux sociaux de la mobilité, notamment les risques d’exclusion de certaines populations fragiles (très sensibles au coût des déplacements) et de certains territoires mal desservis en transports collectifs. Les Départements, à l’image de la Haute-Saône, s’investissent dans le financement et la réalisation de pratiques vertueuses comme les aires de covoiturage et dans la réalisation de liaisons douces de plus en plus fréquentées.
Si la problématique semble davantage toucher les territoires ruraux, elle est tout aussi prégnante dans des Départements plus urbanisés. En Essonne par exemple, le Département a mis en place un service de transport à la demande à partir de la gare de Montgeron de 22h à 0h30, à l’heure où les lignes de bus habituelles ne circulent plus. Chaque passager fait part de sa destination et un logiciel définit ensuite le trajet optimum du véhicule pour desservir les différents points d’arrêt demandés par les passagers.
Sophie Borderie, Présidente du Lot-et-Garonne, a fait part de l’initiative « CAR 47 » de covoiturage entre séniors lancée dans son Département et développée aujourd’hui dans plus d’une dizaine de territoires. Ce projet met en relation des pilotes volontaires et des personnes âgées isolées qui ne sont plus en capacité de conduire, « il constitue à la fois une aide à la mobilité et un facilitateur de lien social ».
Le digital, une révolution des mobilités et de la gestion des infrastructures
Alors que les grandes agglomérations sont en état de congestion, la part modale de l’automobile dans les territoires peu denses (représentant 75 % du territoire) se maintient à 80%. Dans ces zones, la révolution digitale des mobilités prend tout son sens, « à condition que les territoires soient parties prenantes », insiste Alexandre Viros, Directeur général de E-voyageurs (Groupe SNCF). La SNCF a d’ailleurs développé une application, véritable assistant intermodal de la mobilité. Celle-ci permet en effet d’organiser et de payer la chaine des déplacements en ayant recours éventuellement à un taxi / bus / train, du covoiturage, etc.
L’Eure-et-Loir s’est également dotée d’un outil numérique, le dispositif ANAIS, développé en coopération avec Colas et Michelin. 1000 véhicules dans le Département sont ainsi équipés de boitiers numériques, qui identifient les comportements a priori anormaux des conducteurs (accélérations, freinages, déviations brusques) et les géolocalisent. Les points dangereux identifiés ont permis au Département d’envisager des réponses adaptées, telles qu’un aménagement de l’infrastructure ou la mise en place d’une nouvelle signalisation.
« Des innovations de ce type sont essentielles pour répondre aux enjeux d’une mobilité connectée, durable, économe et accessible à tous », a conclu Yves Krattinger, Président de la Haute-Saône. L’Institut des Routes, des Rues et des Infrastructures pour la Mobilité (IDRRIM) qu’il préside travaille sur ces questions avec les entreprises et l’ensemble des maitres d’ouvrages afin d’assurer une gestion préventive du réseau routier. « La route autrefois dénigrée demeure indispensable aux déplacements et au lien social. »