Rénover le modèle de l’insertion

Le Département, en tant que chef de file des politiques de solidarité, est un acteur incontournable en matière d’accompagnement et d’insertion des publics vulnérables. Pour autant, le modèle est aujourd’hui en panne. Là encore il est temps d’inventer de nouvelles façons de faire, qui passent peut-être par plus de liens entre les collectivités et les entreprises et pourquoi pas, l’émergence de circuits courts de l’emploi.

Frédéric Bierry, Président du Bas-Rhin et Président de la Commission des affaires sociales de l’ADF dresse un tableau factuel de la situation : « En dépit d’une nette amélioration de la conjoncture économique, la France ne parvient pas à faire reculer le chômage. Et encore une fois, ce sont les personnes les plus fragiles qui en souffrent le plus. »

L’élu constate que le nombre de bénéficiaires du RSA repart à la hausse depuis la fin de l’année 2017 même s’il est conscient qu’il est difficile de faire la part des choses et d’identifier précisément les causes entre la baisse des contrats aidés et les inscriptions numériques. « La vérité pourtant », poursuit-il, « c’est que notre modèle social a échoué à insérer les plus fragiles et qu’il y a de plus en plus de pauvres. Aujourd’hui, 5 millions de personnes vivent dans notre pays avec moins de 900 euros par mois. »

Frédéric Bierry relève par ailleurs que chaque année ce sont près de 300 000 postes qui ne sont pas pourvus. Une aberration qui interroge légitimement sur l’efficacité du système en place et devrait inciter les pouvoirs publics à expérimenter davantage. Avant d’évoquer une piste pragmatique : la création de circuits courts de l’emploi.

Travailler ensemble, main dans la main

Sollicité à son tour, Mathieu Klein, Président du Département de Meurthe-et-Moselle a rappelé que même si le RMI a été créé il y a maintenant trente ans, il reste du chemin à parcourir. « On passe trop de temps à accéder à ses droits au détriment de l’insertion. Personne ne vit dans la pauvreté par plaisir. Il faut arrêter le retour à l’emploi à plusieurs vitesses et considérer que chaque heure travaillée compte dans la construction de son parcours professionnel. » 

De son côté, Pierre-Olivier Brial, Directeur Général délégué du Groupe Manutan, Président du Club Entreprises de Taille Intermédiaire Ile-de-France a invité les collectivités à « dialoguer directement avec les chefs d’entreprise, à utiliser les marchés publics comme un véritable levier en en finissant avec le dogme du moins-disant et à revoir les règles de la fiscalité. »

Géraldine Trentesaux, Directrice Générale de FuturSkill, Manpower Group France a insisté sur le rôle de la formation : « Il y a une véritable pénurie de compétences et je ne parle pas d’intelligence artificielle. On cherche des chauffeurs, des ouvriers qualifiés, des préparateurs de commande… ». Il est nécessaire de travailler sur l’envie et l’estime de soi ; viennent ensuite les savoir-être et les compétences métiers.

Un point de vue partagé par Marie-France Ferret, Directrice Générale de l’Association Régionale d’Education Permanente d’Ille Armor et Directrice de Pass’Emploi qui réclame des « moyens sur la durée pour résoudre les problèmes périphériques. » Rappelant au passage « qu’il ne faut pas oublier la mobilité ou la garde d’enfants, notamment en milieu rural. »

Puis en guise de conclusion, une nouvelle piste de réflexion a été lancée : « Et pourquoi pas sensibiliser ces publics à la reprise de commerce ou d’entreprise ? » Une idée à creuser…

 

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