La mission sur le volontariat des sapeurs-pompiers a remis ses recommandations le mercredi 23 mai au ministre de l’Intérieur. Le rapport, dont Olivier Richefou, Président de la Mayenne et de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours, est l’un des rédacteurs, décline 43 mesures, fruits de 5 mois d’auditions et de visites de terrain. Objectif affiché : passer à nouveau au-dessus de la barre des 200 000 volontaires, maillon essentiel et indispensable de la chaîne d’urgence.
Un chainon essentiel du modèle de secours français soutenu par les Départements
Au nombre de 193 800 en 2017, les sapeurs-pompiers volontaires (SPV) représentent 79 % des effectifs des sapeurs-pompiers de France. Le volontariat des sapeurs-pompiers s’impose ainsi comme un véritable socle du système de secours et de gestion des risques. Les Services départementaux d’incendies et de secours (SDIS) sont des établissements publics administratifs placés sous la double tutelle du Préfet et du Président du Département (ou son représentant). A ce titre, le Département en est le principal financeur (5% du budget départemental en moyenne).
La mission chargée d’étudier les pistes pour développer le volontariat chez les sapeurs-pompiers a remis ses conclusions au ministre d’État, ministre de l’Intérieur le 23 mai 2018. La première des recommandations du rapport n’est autre que « Réaffirmer solennellement le volontariat comme un engagement altruiste ».
En effet, ces femmes et hommes participent pleinement à l’activité opérationnelle des services d’incendie et de secours (SIS) et constituent le premier service public de secours d’urgence de proximité, en complémentarité avec leurs homologues professionnels et militaires. Ils contribuent ainsi au maintien de l’équité des secours de proximité au quotidien sur l’ensemble du territoire.
Le rapport établit notamment un diagnostic de la situation du volontariat chez les sapeurs-pompiers au regard de certaines évolutions institutionnelles à l’image de la « départementalisation » des SIS intervenue en 1996.
Favoriser le volontariat, mais pas seulement…
Comme le rappelle la synthèse du rapport, le volontariat chez les sapeurs-pompiers est confronté « à un effet de ciseaux entre la stagnation de leurs effectifs et l’accroissement continu de leur sollicitation opérationnelle ». Le Président de la CNSIS s’alarme de cette situation : « Le volontariat s’essouffle dans nos Départements alors que le nombre d’interventions augmente… » (Ouest France, le 25 mai).
Tandis que le nombre de volontaires a diminué de près de 7 % au cours des quinze dernières années, celui des interventions des SIS a augmenté de plus de 20 % et devrait continuer à croitre au regard de certains facteurs démographiques, climatiques et sécuritaires (vieillissement de la population, canicules, menace terroriste…). Ainsi les missions des SPV tendent à évoluer vers les secours d’urgence aux personnes (SUAP), représentant 84% des interventions contre 6% pour la lutte contre les incendies en 2016.
Face à cet état de fait, le rapport préconise notamment un « choc de recrutement » en structurant l’engagement durant les trois premières années autour du secours d’urgence aux personnes, en favorisant la féminisation des effectifs (seulement 17%), mais aussi en ne faisant plus de la lutte contre les incendies un postulat pour le recrutement. Le futur service national universel est un levier potentiel de promotion et d’engagement relevé par les rapporteurs.
D’autres mesures visent à rendre le volontariat plus attractif (aides multiples et tarifs préférentiels) tout en s’opposant à une professionnalisation à temps partiel de cet engagement altruiste.
Crédit photo : sgf/pompiers de france