Le Premier ministre Edouard Philippe et le Ministre de la Santé Olivier Véran ont lancé le 25 mai le « Ségur de la Santé » devant les acteurs du secteur sanitaire et médico-social. L’ADF était représentée par Frédéric Bierry, Président du Bas-Rhin et de la Commission Affaires sociales de l’ADF. A l’occasion de ce lancement, Dominique Bussereau, Président de l’ADF, François Baroin, Président de l’AMF et Renaud Muselier, Président de Régions de France ont publié, au nom de Territoires Unis, une tribune avec Frédéric Valletoux, Président de la Fédération Hospitalière de France pour souligner la nécessité d’une participation renforcée des élus locaux à la décision, dans la gouvernance et le pilotage territorial des politiques de santé, des ARS, et des hôpitaux. André Accary, Président du Département de Saône-et-Loire, participera aux travaux de concertation qui s’engagent tout au long du mois de juin, et plus particulièrement aux travaux relatifs au « 4ème pilier – Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers ».
La crise sanitaire actuelle démontre que les solutions les plus efficaces sont toujours locales. La preuve est flagrante : les acteurs de terrain ont su se coordonner efficacement et travailler main dans la main. Face à l’urgence de la situation, ils ont dû souvent faire fi des procédures bureaucratiques qui freinent leur action.
Qu’ils soient professionnels de santé, personnels sociaux et médicosociaux, agents administratifs, techniques ou logistiques, tous ont su faire preuve de réalisme et de pragmatisme.
Sans cette capacité d’innovation locale, il est probable que la digue de notre système de santé aurait cédé face à la première vague du Covid. C’est un enseignement majeur dont le Ségur de la santé doit absolument tenir compte.
Prévoir pour ne plus subir : nous pensons que notre système de santé réclame une refondation complète de son mode de gouvernance, de son organisation locale et de sa philosophie d’intervention. Aussi, nous plaidons pour une réflexion qui associe les trois volets complémentaires d’une même politique publique : le sanitaire (ceux qui soignent), le médicosocial (ceux qui « prennent soin »), le social (ceux qui accompagnent). Il nous faut donc également mesurer les attentes respectives de ces personnels, en termes de reconnaissance, de conditions de travail et de rémunération. Enfin, il faudra s’interroger sur le rôle des Agences Régionales de la Santé (ARS), leur rapport aux collectivités locales et aux préfets, et sur leurs modes de gouvernance trop contraints par le carcan bureaucratique et budgétaire.
Nous devons absolument éviter l’écueil d’une énième réforme comptable ou d’ajustement et demandons un moratoire sur la fermeture des lits de médecine afin de favoriser un aménagement équilibré du territoire.
Pour cela, faisons davantage confiance aux territoires, aux hommes et aux femmes qui l’incarnent ! Abandonnons cette vision descendante qui consiste à penser que Paris décide quand les acteurs locaux exécutent !
En effet, la santé de nos concitoyens est un enjeu territorial. Nous observons d’ailleurs que des pratiques locales très innovantes se développent : une expérimentation menée depuis deux ans par la FHF sur 5 territoires porte ses fruits. Des actions transversales sont conduites par des acteurs de la santé, du social, de l’associatif, des collectivités locales. Ils coopèrent pour améliorer l’état de santé des populations, ce qui vaut bien mieux qu’un pilotage hors-sol.
Avec des filières de soins consolidées dans les territoires, l’action serait plus lisible pour nos citoyens. La coordination entre les différents acteurs serait ainsi mise au service d’impératifs de santé publique et de prévention. La crise sanitaire a mis en évidence un cloisonnement dramatique entre la médecine de ville et l’hôpital, entre l’hôpital et le médico-social.
Au final, c’est la santé de tous qui serait améliorée par une offre de soins de qualité et de proximité et nous gagnerions en efficacité financière.
À la stratégie nationale la responsabilité de dessiner les grandes lignes de la politique de santé dans le respect des principes de justice, d’équité et de solidarité entre les territoires et pour tous les Français.
Aux collectivités locales et aux acteurs du terrain la responsabilité de mettre cette stratégie en musique de la meilleure manière, compte-tenu de leurs enjeux propres et de leurs spécificités, en renforçant le niveau départemental des ARS.
C’est d’ailleurs la philosophie du plan de déconfinement qui a été présenté début mai par le Premier ministre : un cadre général, adapté localement par les élus, en lien avec les préfets.
Cela passe notamment par une participation renforcée des élus locaux à la décision, dans la gouvernance et le pilotage territorial des politiques de santé, des ARS, et des hôpitaux.
Redonner aux acteurs qui sont en première ligne le pouvoir d’exercer leurs missions en adéquation avec les enjeux locaux : voilà le prérequis nécessaire à la consolidation de notre service public de santé. Le gouvernement doit l’entendre.
Si le Ségur de la santé ne sonne pas le glas de la technostructure sanitaire et ne rend pas aux premiers concernés leur capacité d’agir, alors il échouera autant que les précédents plans.