Maires, présidents de département et présidents de région continuent de se dire « confrontés à des messages contradictoires, sources d’incompréhension et d’inquiétude », au sujet de la campagne de vaccination.
Un million de Français ont aujourd’hui été vaccinés, a déclaré samedi Jean Castex à l’issue d’un déplacement à Strasbourg. « À tous nos soignants, à tous nos élus, à tous les personnels et agents des préfectures, des agences régionales de santé et des établissements de santé, à toutes celles et tous ceux qui unissent leurs forces à cette exceptionnelle campagne de vaccination : merci », a-t-il ensuite ajouté sur Twitter. La ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait indiqué le même jour sur France Inter que la France ambitionnait de vacciner « 15 millions de personnes » d’ici au mois de juin et se disait « raisonnablement confiante pour que cet objectif soit dépassé ». De son côté, la Haute Autorité de santé qualifiait samedi de « raisonnable » la possibilité d’espacer de six semaines l’injection des deux doses des vaccins (au lieu de trois à quatre semaines actuellement), afin d' »accélérer l’administration de la première dose aux personnes les plus vulnérables », soit au moins 700.000 personnes supplémentaires.
Les associations d’élus, que l’on avait déjà pas mal entendues lors de la toute première phase de vaccination, continuent toutefois de faire part de leur circonspection. « Les maires, les présidents de départements et les présidents de régions sont confrontés à des messages contradictoires, sources d’incompréhension et d’inquiétude. En dépit de l’accélération annoncée de la campagne, des centres de vaccination ferment, des rendez-vous sont ajournés, des informations tombent brusquement, sans préavis et sans lisibilité d’ensemble. » C’est ce qu’écrivent ce lundi 25 janvier l’Association des maires de France, l’Assemblée des départements de France et Régions de France, sous la bannière Territoires unis. En demandant à l’État « une véritable clarification de sa vision stratégique en matière de vaccination ». A savoir : « préciser, en temps réel, l’état des stocks de vaccins, les calendriers précis d’approvisionnement, le nombre de doses disponibles, le calendrier arrêté pour les phases successives de vaccination, et ce, à l’échelle de chaque territoire. » Mais aussi mettre en place « un maillage équilibré des centres de vaccination ».
Le président de l’ADF, Dominique Bussereau, s’était déjà exprimé en ce sens quelques jours plus tôt, soulignant que les départements sont « en première ligne » notamment vis-à-vis des personnes âgées et se sont déjà « mobilisés » sur la première phase de vaccination. À l’issue d’une réunion du bureau de l’ADF, il avait évoqué une « campagne vaccinale mal orchestrée au niveau national », des « messages contradictoires, source de cacophonie générale »… non sans rappeler « la confusion qui a régné lors de la gestion des masques et de l’organisation des tests ». D’où, déjà, une demande de « clarification » et de « transparence ».
L’Association des petites villes de France a pour sa part indiqué ce lundi avoir adressé un courrier à Olivier Véran pour, là encore, s’inquiéter des « dysfonctionnements constatés dans la déclinaison territoriale de la campagne vaccinale ». L’APVF y voit le résultat « d’un excès de bureaucratie de la part des agences régionales de santé et d’un manque d’information et de dialogue avec les élus locaux ». Mais elle soulève aussi un enjeu financier : de nombreux maires de petites villes s’interrogeraient sur la prise en charge par les communes des frais de personnels, de location des salles accueillant un centre de vaccination ou des frais d’achat de petits matériels d’infirmerie. Elle constate, enfin, que « trop souvent, il est demandé aux petites villes de se limiter aux contingentements établis par les ARS alors que de nouvelles distributions de vaccins sont effectuées dans les plus grandes villes ».
En matière de transparence sur les chiffres, on saura que le site data.gouv.fr donne désormais accès à des données sur l’état des stocks disponibles de doses de vaccins (Pfizer et Moderna) au niveau des plateformes logistiques dépositaires (qui servent d’intermédiaires avant une livraison dans les lieux de vaccination) et des « établissements de santé pivots », données agrégées à l’échelle nationale, régionale et départementale (mais aussi consultables par établissement). Une autre série de données porte sur les doses réceptionnées par les plateformes et les établissements pivots, cette fois uniquement à l’échelle nationale et régionale.