Les 5e Assises nationales du vieillissement / Longevity se sont tenues à Troyes dans l’Aube les 20 et 21 octobre derniers à l’invitation de Philippe Pichery, Président du Département de l’Aube. Sous le haut patronage du Ministère des solidarités et de la santé, elles ont réuni pas moins de 2 000 acteurs publics et privés de l’Autonomie et du Grand Age, dont 400 sur place et 1 600 connectés à une plateforme digitale interactive, ainsi que 80 partenaires, associations et entreprises. Parmi les thématiques abordées, il a été question d’innovation, de réforme et de prévention au service du « Bien vieillir ». Retour sur ces 2 jours riches en questionnements, en débats et en propositions.
Aujourd’hui, la part des plus de 65 ans représente 20% de la population française et devrait s’élever à 29% d’ici 2070 selon les prévisions de l’Insee. L’enjeu des décennies à venir porte sur la possibilité de vieillir dans de bonnes conditions, qu’elles soient sociales, financières ou médicales. Quelles innovations mettre en place ? Comment accompagner le vieillissement à domicile ? Comment mieux le prévenir ? Quels sont les enjeux de la réforme du Grand Age ?
Silver innovation : la révolution du « soin »
Plusieurs typologies d’innovation ont été abordées au cours de ces deux jours. Les innovations organisationnelles d’abord, se traduisent par la création de structures adaptées aux différents besoins des usagers concernés. Mais force est de constater qu’elles se juxtaposent et ne sont pas très lisibles, aussi bien pour les acteurs du secteur que pour les personnes âgées et leurs aidants. Un décloisonnement de ces structures sera nécessaire pour assurer davantage de lisibilité, d’efficacité et d’homogénéité, un challenge avéré pour l’ensemble des parties prenantes pour proposer un parcours efficient et adapté en fonction des territoires.
L’innovation se fait également au domicile, autour de la robotique, des solutions de téléassistance par exemple, mais nécessitera la création de réseaux d’opérateurs initiés et d’un personnel aidant, formé à ces dispositifs. Les Départements sont largement investis dans ces questions, s’appuyant sur leur expertise, les nouvelles technologies et la e-santé au service du mieux vieillir, notamment dans l’accompagnement de l’autonomie et du vieillissement à domicile. C’est le souhait de nos concitoyens de pouvoir rester dans leur environnement le plus longtemps possible.
Ces innovations, encore aujourd’hui bien souvent au stade de l’expérimentation et disséminées sur le territoire, exigeront également un changement des process, des méthodologies de prise en charge. Elles soulèvent des questions éthiques et déontologiques auxquelles sont confrontés les professionnels du soin à domicile. Leurs bénéfices pour les personnes âgées devront être mesurables en termes d’efficacité et devront se déployer sur l’ensemble du territoire.
Quels enjeux pour les réformes sur le vieillissement ?
La récente création d’une 5e branche de Sécurité Sociale dédiée à l’autonomie devra se traduire par un accompagnement renforcé des personnes dépendantes.
L’enjeu crucial est un enjeu territorial. En effet on ne peut imaginer une politique publique en faveur des personnes en perte d’autonomie sans une prise en compte des besoins quotidiens des personnes et une intervention des acteurs locaux auprès d’elles. Cette réforme devra reposer sur une répartition équilibrée des compétences exercées par les Départements et les agences régionales de santé (ARS). Elle exigera une redistribution des compétences et un appui (CNSA) dans la coordination des piliers de l’action territoriale (le structurel, les tarifications et les ressources humaines).
Cet événement a également donné l’occasion d’aborder la question de la place et du rôle des habitants âgés, de leur entourage de proximité et des services à domicile. Des avancées existent comme le « Congé Aidant ». Il est toutefois nécessaire d’aller plus loin : construire une véritable attractivité de la filière, reconnaître des métiers et revaloriser des rémunérations. Dans ce contexte, la question du financement durable reste cruciale d’autant que les Départements se trouvent aujourd’hui confrontés à une explosion des dépenses sociales.
De nombreuses pistes d’évolution ont été évoquées, notamment la mise en place de référentiels communs, d’une approche interministérielle du Grand Age et du maintien en autonomie, d’un cofinancement des mesures capables de répondre aux objectifs affichés.
La prévention, gage du bien vieillir dans une société de longévité
Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, a rappelé l’enjeu majeur que représente la prévention dans les politiques publiques. Or prévenir la perte d’autonomie nécessite la mise en place de nouveaux outils, mais aussi de limiter les risques et de lutter contre les polypathologies. Les personnes âgées en perte d’autonomie doivent en ce sens être accompagnées dans leur parcours de vie, en repensant les structures qui les accueillent et en favorisant le vieillir chez soi. La loi Grand Age et Autonomie devra répondre concrètement à ces problèmes structurels.
La prévention implique également la notion de qualité de vie et la nécessité de développer des actions autour du « Bien-Etre » pour « Bien-Vieillir ». La crise de la Covid-19 nous rappelle chaque jour l’importance de la lutte contre l’isolement : identifier puis accompagner les plus fragiles, mobiliser les acteurs. Les Départements ont su, tout au long de cette période, faire preuve de réactivité mobilisant des moyens humains, financiers et technologiques pour maintenir le lien social et soutenir les SAAD.
Impulser et accompagner les projets de prévention de la perte d’autonomie en fédérant les énergies et les savoir-faire dans les territoires, tel est l’objectif de la conférence des financeurs mise en place par la loi d’Adaptation à la Société au Vieillissement (ASV). Au-delà des nombreuses expérimentations et retours d’expériences, les acteurs ont fait remonter l’importance de l’ingénierie de montage des actions, et l’intérêt d’évaluer des projets en fonction de l’approche pragmatique des réalités du terrain. On retiendra plusieurs échanges très fructueux qui ont mis en évidence des pratiques qui peuvent inspirer et encourager le développement de formules d’habitat partagé et de mobilité.
Sur l’ensemble de ces questions, les Départements restent mobilisés et prêts à innover, réformer et prévenir, dans un souci permanent du mieux vieillir des populations.