À l’attaque des Pyrénées

Au lendemain de la deuxième et dernière journée de repos, la route du Tour s’est élevée à nouveau. Et comme pour les Alpes, le premier volet pyrénéen s’est fait dans une relative douceur, en dehors des deux difficultés finales : le Port de Lers et le Mur de Péguère. Côté température, on a perdu quelques petits degrés, mais on ne respire pas forcément mieux. Dans la lourdeur de l’atmosphère, une fois n’est pas coutume, un Canadien a fait une démonstration de cyclisme.

« Les Pyrénées n’auront rien à envier aux Alpes ». Le patron de la Grande Boucle, Christian Prudhomme l’avait annoncé en grande pompe lors de la présentation officielle du parcours à l’automne dernier. Il est vrai que le menu pyrénéen est copieux cette année, avec des tracés courts et nerveux. Un programme en trois parties, comme pour les Alpes. L’acte I faisait office de mise en bouche. Pas si évident après deux étapes de transition qui ont malgré tout sollicité les organismes dans des parcours très vallonnés. Pas facile non plus de reprendre après une journée off. Malgré la chaleur étouffante, les leaders ont tenu à effectuer une petite sortie à vélo hier. Pour garder le rythme. Pour décrasser les muscles. Jonas Vingegaard a notamment été aperçu au pied des remparts de Carcassonne. Ville d’arrivée dimanche, ville de départ ce mardi, la cité médiévale semble être devenue un incontournable du Tour. La porte d’entrée de l’Aude, celle qui mène ensuite aux Pyrénées.

C’est d’ailleurs non loin des remparts que les coureurs se sont élancés pour cette troisième et dernière semaine de course. Ultime ligne droite avant l’arrivée en fanfare sur les Champs-Élysées dimanche. Tout peut se faire ou se défaire dans les 5 prochains jours tandis que les corps commencent à fatiguer. Les bobos à s’accumuler. Et le covid menace toujours. 3 nouveaux coureurs, testés positifs ont été contraints à l’abandon. Pour les autres, cap d’abord sur une première partie de parcours hérissée de petites montées sur les routes de l’Aude et de l’Ariège. Ce n’est qu’ensuite, à partir de Tarascon-sur-Ariège que la route a opéré sa première sélection. 1ère difficulté : le Port de Lers et ses 11,4 km à 7% en moyenne. Point culminant de l’étape. Mais comme souvent, les organisateurs ont gardé le meilleur pour la fin – le clou du spectacle – le Mur de Péguère. Caractéristique : une route très étroite sur 9,3 km avec des portions à 16% et 18% pour achever les coureurs dans les derniers kilomètres. Cette fois, rien n’a entravé le bon déroulé de la course.

Le mystère des clous

Tous les spécialistes ont encore en mémoire l’affaire des clous du Mur de Péguère. En 2012, une poignée de clous jetés sur la chaussée avait provoqué le chaos. 61 coureurs et 28 véhicules au total avaient été victimes de crevaisons. Certains sportifs avaient chuté. Acte isolé ? Œuvre collective ? Geste d’un déséquilibré ou mauvaise blague ? La vallée sait garder ses secrets. Une enquête a eu lieu. Mais 10 ans après, le mystère demeure entier. Depuis, le Mur de Péguère est interdit au public. Mais une poignée d’aficionados de la pédale arrive toujours à se faufiler par des chemins de randonnée. La présence policière a également été renforcée depuis cet épisode traumatisant.

Première Foix pour Houle

Une fois là-haut, il restait encore 27 kilomètres de descente, très roulants pour le peloton.  Et au pied du château de Foix, le Québécois Hugo Houle, sorti de nulle part, s’est imposé en solitaire. Les larmes aux yeux, il a rendu hommage à son frère disparu. Depuis Steve Bauer en 1988, aucun Canadian n’avait remporté une victoire d’étape. Le Tour s’en souviendra. Dans la course au général, rien ne bouge. Le Danois Jonas Vingegaard, toujours en jaune, est resté de marbre face aux attaques de Tadej Pogacar. La mauvaise opération du jour, elle, est signée Romain Bardet. Le Français a été éjecté du Top 5. Meilleur tricolore désormais : David Gaudu, classé 5ème. L’aventure pyrénéenne se poursuit pour les Départements de France. Acte II demain.

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