La commission des finances du Sénat a examiné, le 10 juillet, le rapport des sénateurs Michel Canévet (UDI-Finistère) et Raphaël Daubet (RDSE-Lot), rapporteurs spéciaux de la mission « Aide publique au développement », sur l’aide alimentaire au sein de la politique de développement de la France.
Selon les dernières données rendues disponibles par les Nations unies, entre 691 et 783 millions de personnes dans le monde ont souffert de la sous-alimentation en 2022. Cette estimation, dont la moyenne se situe à 735 millions de personnes, représente une très forte progression de la faim dans le monde depuis la pandémie.
En conséquence, les financements de l’aide alimentaire programmée, « noyau dur » de l’aide alimentaire française, ont été multipliés par 6,5 sur dix ans, illustrant l’investissement croissant de la France dans ce domaine. Deux facteurs ont ainsi contribué à la forte augmentation des crédits de l’aide alimentaire : l’accroissement généralisé de l’aide humanitaire de la France et le contexte géopolitique dégradé entre 2020 et 2022.
Cependant, en raison de l’absence d’un guichet unique, l’éclatement de l’aide alimentaire française rend difficile une évaluation précise du montant total de la contribution de la France à la lutte contre les crises alimentaires dans le monde.
Par ailleurs, le Sénat regrette l’insuffisance de la coordination au niveau central depuis la suppression du comité interministériel de l’aide alimentaire (CIAA) en 2023, alors même que sa revalorisation était, au contraire, recommandée par une évaluation demandée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE).
Si la progression continue de ses contributions au Programme alimentaire mondial a permis à la France de maintenir son influence au sein du système onusien de la sécurité alimentaire, cette remontée de l’influence française au doit toutefois être relativisée. Sur le plan financier, la France demeure loin derrière les principaux contributeurs et fait figure de « goutte d’eau dans l’océan »
Les rapporteurs estiment nécessaire de progresser en termes de coordination de l’action européenne, au sein du système onusien de l’alimentation et de l’agriculture. Hors États-Unis, l’UE et ses États membres combinés sont en effet le principal contributeur du PAM avec un total de 2,6 milliards de dollars de contributions en 2023. Cet objectif est néanmoins rendu plus complexe par la disproportion manifeste entre l’Allemagne et ses partenaires européens en termes de volume de contributions au système onusien.
13 recommandations sont donc présentées pour :
- Mieux valoriser l’effort français en faveur de la lutte contre les crises alimentaires dans le monde
- Clarifier et mieux articuler les instruments contribuant à l’aide alimentaire de la France
- Poursuivre la démarche de soutien à l’influence française au sein des organisations internationales dans le domaine de la sécurité alimentaire
Consultez la synthèse du rapport :