Le Département des Hauts-de-Seine a souhaité faire du boulevard circulaire de La Défense un démonstrateur de l’innovation en lançant au printemps dernier un appel à projets baptisé « RD993 Lab », en partenariat avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement) et en collaboration avec Paris-La Défense. L’objectif est de mettre en œuvre et d’étudier l’évolution de solutions innovantes pour la route du futur. Les projets sélectionnés par le Département viennent d’être dévoilés, confirmant la mutation de cette boucle de 3,80 kilomètres qui enserre un quartier d’affaires hors norme.
Mis en service en 1971, à l’époque du « tout-voiture » et du « tout-béton », cet axe routier qui appartenait à l’Etat a été transféré en août 2017 au Département. De nombreux défauts ont été relevés : signalisation compliquée, dysfonctionnement des GPS sur son tracé, médiocre qualité paysagère, barrière entre l’infrastructure Paris-La Défense et le tissu urbain… « Nous voulons que ce boulevard circulaire devienne quelque chose de parfaitement innovant, connecté et attractif, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », avait indiqué Patrick Devedjian, Président du Département des Hauts-de-Seine, lors du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) en mars dernier. Et d’ajouter « La conduite devra être adaptée au fait que l’on se situera non pas sur un circuit périphérique, mais bien en ville ».
Huit thématiques comme axe de réflexion
Depuis sa reprise en main, le Département a déjà engagé 3 millions d’euros pour réaliser des chantiers de réfection, l’éclairage notamment, la réparation des bordures et la reprise de la couche de roulement, quand près de 30 000 véhicules empruntent le tronçon quotidiennement. Mais au delà de ces mesures d’urgence, l’appel à projets « RD993 Lab » sous-tend des transformations en profondeur, pour faire du boulevard circulaire une véritable vitrine technologique, ceci autour de huit axes de réflexion décidés par le Département des Hauts-de-Seine :
- La conduite adaptée et les mobilités innovantes
- La valorisation énergétique
- La facilitation de la maintenance et la gestion optimisée
- La nature en ville
- L’eau dans la ville durable
- La limitation des nuisances
- La scénographie urbaine et les usages
- Un axe « carte blanche », laissant libre cours à la créativité des porteurs de projets…
Quatre projets plébiscités
Le Département entend mettre les technologies de pointe au cœur de la reconfiguration de ce boulevard circulaire. Ainsi il a retenu des mises en perspectives aussi innovantes que réalistes, afin d’améliorer les conditions de circulation des voitures et le déplacement des piétons :
- Eclairage au gré des fréquentions
Pour pallier l’impact énergétique à la nuit tombée (quand il y a moins de circulation), la société Eiffage a imaginé Luciole, un système économe à travers l’installation de LED sur les réverbères existants, la mise en place d’un revêtement clair et un dispositif de variation d’intensité lumineuse. A l’approche d’un véhicule, d’un vélo ou d’un piéton, l’éclairage s’intensifie puis redescend graduellement lorsqu’il s’éloigne.
- Optimisation du trafic
Vinci, Actemium et Qucit ont breveté un système d’analyse intelligente de vidéos afin de collecter les données du trafic et de moduler, selon l’état de la circulation, les plans des feux de signalisation. Dans la même optique de décongestionner le trafic, Colas propose un marquage au sol inédit (nommé Flowell), permettant l’attribution dynamique des voies d’un carrefour complexe. Cette solution consiste en l’installation de dalles munies de LEDs, reliées à une borne du pilotage du véhicule et raccordées au réseau électrique. Au passage d’un carrefour ou lors d’un changement de file, les dalles s’allument en temps réel, pour une meilleure lisibilité des mouvements à adopter permettant ainsi de guider l’automobiliste.
- Voiture connectée à la route
Davantage axée sur la sécurité, l’application smartphone ITS Ready d’Aximum, consiste à fournir au conducteur des conseils de vitesse à adopter, si une personne traverse soudainement ou si le feu passe à l’orange par exemple. Cette solution pourra également optimiser le partage de la voirie par l’adaptation du temps de vert au flux piéton.
Toutes ces mesures devraient être adoptées lors de la prochaine Assemblée Générale du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, en janvier 2020. Le Département évoque aussi la possibilité d’améliorer les nuisances bruit/pollution, la gestion des eaux de ruissellement ou encore le verdissement aux abords du boulevard circulaire.
Des solutions techniques qui pourraient voir le jour sur d’autres tronçons de voirie départementale…