« Bouge ton coQ », un guichet unique pour capter des financements destinés aux projets ruraux

« Bouge ton coQ » est un guichet unique qui vise à réunir des fonds pour les projets associatifs d’intérêt général dans les villages, en faisant appel au mécénat d’entreprise, au don citoyen et aux subventions publiques. La plateforme a été ouverte fin janvier en partenariat avec l’AMRF et l’ADF et avec le soutien de l’écrivain Alexandre Jardin et du journaliste Pierre Bonte.

“On a besoin d’amener du dynamisme, de la vitalité et notamment sortir des projets qui ne reposent pas simplement sur la puissance et les finances publiques”, explique Pascal Lehongre, président du département de l’Eure, partenaire – avec l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et l’Assemblée des départements de France (ADF) et une quinzaine d’entrepreneurs engagés – de l’initiative “Bouge ton coQ” lancée à Paris le 29 janvier 2020. Les concepteurs ont ainsi baptisé leur plateforme pour s’inscrire dans une mouvance, “Bouge”, sous l’emblème national. La plateforme se veut « un modèle de financement inédit des projets d’intérêt général dans les campagnes de France ». A son bord, on recense déjà quelques projets, très concrets.  Qu’il s’agisse de financer la construction du four à pain, de réhabiliter un café du commerce pour accueillir des associations et des services de proximité ou une station-service, de transformer un presbytère en tiers-lieu, de développer une exploitation maraîchère bio avec des services civiques ou d’acheter un simple broyeur à végétaux, tous ont pour point commun d’encourager “le faire ensemble” et “l’effervescence dans le monde rural”.

“Créer un visage pour capter les financements”

Les initiateurs, les frères Brochot, entrepreneurs, n’en sont pas à leur coup d’essai. En 2016, Cocoricauses (lire notre article), une plateforme de crowdfunding avait permis de verser 150.000 euros aux 25 projets ciblant déjà le monde rural. Avec Bouge ton Coq, la logique est inversée par rapport au financement participatif. “C’est nous qui collectons l’argent. Les donateurs sont appelés à voter pour des projets qui ont retenu leur attention. La somme est ensuite ventilée.”

Emmanuel et Christophe Brochot en sont convaincus : “dans les territoires ruraux il y a de l’énergie, des compétences, des idées”. Il ne manquait qu’une chose : “dessiner un visage, créer un canal pour renforcer structurellement l’économie du don et permettre de capter les financements”. Car “le mécénat d’entreprise, c’est plus de trois milliards d’euros”, rappelle Christophe Brochot, mais ces fonds “échappaient complètement à la ruralité”.

Ce système de “guichet unique” permet donc de collecter et de reverser mensuellement les dons des entreprises, des pouvoirs publics et des citoyens à l’échelle nationale, vers les projets associatifs locaux.  Les concepteurs rappellent que le don récurrent, à partir de 2 euros par mois, est défiscalisé à hauteur de 60%. “C’est la récurrence des dons qui est déterminante”, insistent-ils.

Objectif : 3 millions d’euros en 2020

Leur objectif est d’atteindre trois millions d’euros au cours de l’année 2020, de fédérer 50.000 membres citoyens et de recruter entre 500 et 1.000 entreprises partenaires. Sachant que le montant moyen d’un projet est estimé entre 5 et 6.000 euros, « Bouge ton coQ ! » espère financer entre 300 et 500 projets sur l’année.  A la question de savoir si ce guichet ne viendrait pas suppléer d’insuffisantes dotations de l’Etat, les acteurs rassemblés semblent ne pas vouloir entrer dans la polémique. “La fracture entre les villes et nos campagnes est même dans l’imaginaire collectif”, remarque l’écrivain Alexandre Jardin, venu soutenir l’initiative. “Ce partenariat peut apporter un autre regard sur la ruralité”, espère Michel Fournier, médiatique premier vice-président de l’AMRF, avant d’attester des nombreuses “potentialités en réserve” dans le monde rural.

 

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