En Conseil des ministres du 3 juillet 2024, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des outre-mer a présenté une communication sur la préparation de la saison des feux de forêt.
À l’issue d’une saison de feux de forêts exceptionnelle par son ampleur en 2022, le président de la République a souhaité doter le pays d’une stratégie de prévention et d’une force de frappe renforcées. L’anticipation et la réponse opérationnelle de lutte contre les feux de forêt ont ainsi été largement accrues, en termes de moyens comme d’expertise météorologique. Et les premiers résultats observés lors de la saison 2023 témoignent de l’efficacité du dispositif déployé : l’année précédente a en effet connu un nombre de départs conséquent (9 165 départs de feux en 2023, pour 4 643 en 2021) pour une surface brûlée contenue (9 470 en 2023 contre 10 790 hectares en 2021).
À l’aune de cette expérience concluante, il a été décidé de reconduire les grandes orientations de 2023 pour préparer la saison 2024 qui s’inscrit par ailleurs dans un contexte de très forte mobilisation pour les Jeux olympiques et paralympiques.
Pour cette saison 2024, deux objectifs sont particulièrement visés :
- Une anticipation et une coordination renforcées avec un nouveau centre de coordination pérennisé et un dispositif météo affiné pour les opérationnels
L’ensemble du dispositif national de lutte contre les feux de forêt sera, comme l’an passé, coordonné par l’état-major de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises depuis la base aérienne de Nîmes-Garons, où est positionnée la flotte de sécurité civile. Ce centre opérationnel (le centre national de coordination avancé de la sécurité civile ou CNCASC) déporté du centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC), expérimenté l’an dernier, a fait la preuve de sa pertinence et de son efficacité. Avec les états-majors zonaux et les services d’incendie et de secours, cette entité représente l’ossature du commandement de la réponse de sécurité civile en matière de lutte contre les incendies de forêt et coordonnera en particulier l’engagement des moyens nationaux, terrestres comme aériens.
Pour renforcer les capacités d’analyse et d’anticipation des dangers, le ministère de l’intérieur et des outre-mer et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ont développés conjointement, avec l’appui des services de Météo France et l’Office national des forêts, une expertise sur les dangers liés aux feux de forêt. Déployée en zone Sud depuis de nombreuses années, elle a été étendue à la zone Sud-Ouest l’année dernière et le sera sur la zone Ouest, cette année, couvrant ainsi 55 départements. L’analyse fine du risque de feux de forêt, tirée de cette expertise, permettra de déterminer les départements pour lesquels le risque sera le plus important ainsi que de pré-positionner de potentiels moyens terrestres et aériens complémentaires. En adaptant ainsi au plus juste la posture opérationnelle à des zones de danger ciblées, il s’agit de maintenir la stratégie d’attaque des feux naissants et d’éviter tout développement d’un feu qui pourrait alors devenir hors-norme.
- Des moyens historiques à la hauteur des enjeux et d’ores et déjà tangibles sur le terrain 18 mois après leur annonce.
Pour cette année, les moyens aériens (avions et hélicoptères) de la sécurité civile, et ceux qui loués en complément, seront au nombre de 48, soit un de plus que l’an dernier. Aux 12 canadairs et 8 Dash de la sécurité civile, s’ajouteront 10 hélicoptères lourds bombardiers d’eau et 6 avions d’une capacité de largage de 3 tonnes de retardant.
L’ensemble des canadairs seront bien mis à disposition à l’ouverture de la saison. Cette flotte va pouvoir, comme en 2023, être pré-positionnée au plus près des dangers, tout en conservant une capacité de concentration pour attaquer massivement les feux en extension. La location de ces vecteurs supplémentaires représente un effort financier de l’État de plus de 25 millions d’euros annuellement.
Par ailleurs, en complément des moyens des services d’incendie et de secours locaux, nous serons en mesure de mobiliser 51 colonnes de renfort soit 3500 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs et plus de 700 véhicules d’intervention spécifique de lutte contre les feux de forêts.
Cette capacité est indépendante des moyens conjointement déployés dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques.
Comme l’année dernière, des moyens aériens et terrestres seront pré-positionnés en Corse et dans les zones Sud et Sud-Ouest, pour permettre d’agir au plus près des événements. Par ailleurs, les avions et hélicoptères bombardiers d’eau pourront compter sur un réseau de 21 pélicandromes répartis sur tout le territoire et permettant leur réapprovisionnement en eau, produit retardant et carburant.
Enfin, le protocole HÉPHAÏSTOS a été élargi à l’ensemble du territoire, permettant aux forces armées de participer à la lutte contre les feux de forêt en mettant à disposition de la sécurité civile plusieurs modules opérationnels tels que des hélicoptères de manœuvre pour le détachement d’intervention héliporté national, des sections à pied pour renforcer l’extinction des lisières, du matériel du génie pour construire des pistes forestières et des modules de surveillance en forêt.
Surtout, le Pacte capacitaire, après son annonce par le président de la République en octobre 2022, par lequel il a été porté de 30 à 180 millions d’euros, et qui consiste à aider les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) à acquérir 1 000 engins et matériels, se concrétise et constitue une réussite.
Pour terminer, le président de la République, le Premier ministre et les ministres ont souligné l’apport du mécanisme européen de solidarité en matière de feux de forêt, qui constitue un soutien dont la France peut bénéficier grâce à ses partenaires européens (agents et matériels pour appuyer nos moyens de secours) mais également permettre à notre pays de faire valoir nos compétences reconnues dans le monde entier dans ce domaine.