Coup de chaud sur le Tour

La Grande Boucle continue de suffoquer. Les Départements de France avec. 37 degrés à Rodez aujourd’hui. 39 à Carcassonne. Et sous ce soleil de plomb, les coureurs ont tenu bon jusqu’à Carcassonne. Heureusement, le tracé du jour, long de 202,5 km était relativement plat. Une aubaine pour les sprinteurs. Du côté de notre équipe, la journée fut consacrée à éteindre une polémique naissante.

Toute la journée, le téléphone d’André Bancala a sonné. Le Monsieur route des Départements de France s’agace : « encore un nouveau ! ». À l’autre bout du fil :  des médias. La presse, la radio, la télé. Des habitués, mais pas que. Tous veulent savoir combien de litres d’eau vont être déversés sur le parcours. Car il fait chaud. Très chaud. Depuis plusieurs jours déjà, et à mesure que l’on se rapproche du Sud, le thermomètre ne cesse de grimper. Météo France a placé 15 Départements du Sud-Ouest en alerte rouge canicule et 25 en orange. Près de 11 000 hectares de forêt sont déjà partis en fumée dans des incendies en Gironde. Dans ce contexte, l’arrosage des routes du Tour est très critiqué. « Pas très écologique », « une hérésie », « il faut penser à ceux qui manquent d’eau ».

Alors combien de litres d’eau ?

Tout est parti d’un article, relayé sur les réseaux sociaux. On y lit que les organisateurs de la Grande Boucle ont prévu un stock de 10 000 litres d’eau pour refroidir les routes du Tour. Choquant pour de nombreux internautes qui de leur côté n’ont « même pas le droit d’arroser leurs légumes pour cause de sécheresse ». « Mais ce chiffre est complètement faux ! », assure André Bancala. Toute la journée, il a démenti, réexpliqué, corrigé le malentendu. « Oui, les routes sont en surchauffe, mais sur les 200km de parcours du jour, on arrose 100m, même pas ! », répond-il aux journalistes insistants.

L’intérêt pour la canicule semble avoir dépassé celui pour la course. Y compris au-delà des frontières de l’Hexagone. Dès Rodez, deux journalistes de la Rai, la télévision nationale italienne embarquaient à bord de nos véhicules pour suivre le gros Léon de près. Car c’est bien la balayeuse des Vosges qui déverse l’or bleu sur le tracé. Aujourd’hui, trois zones dites « de ressuage » étaient répertoriées comme zones d’intervention. La première d’entre elles, était longue de moins de 50 mètres. Une fois les images en boîte, les Italiens laissent place à France Télévisions. Entre temps, le téléphone continue de sonner. À chaque fois, André Bancala fait la même réponse. Les routes traitées sont uniquement celles en enduit, plus susceptibles de se dégrader. Il s’agit de routes à faible circulation, pas très larges, mais régulièrement plébiscitées par les organisateurs de la Grande Boucle. Quand il fait chaud, que tout le monde passent et freinent au même endroit, le bitume devient brillant et collant. Il perd en adhérence et devient potentiellement dangereux pour les coureurs. Et encore, pas partout ! Les lignes droites et les montées ne craignent rien. Les équipiers des Départements de France interviennent essentiellement dans des descentes, avec par exemple un rond-point qui tourne sec. Aucune intervention n’est nécessaire en revanche sur les routes dites en enrobé (nationales, autoroutes), résistantes, elles, à la chaleur. Au Danemark, le gros Léon n’a rien arrosé. À Dunkerque, il a rempli ses citernes de 2000 litres d’eau. Depuis, seul 1/3 a été utilisé, bien loin des 10 000 annoncés.

La victoire au sprint pour Philpsen

Avec ces histoires d’eau et de chaleur, on en aurait presque oublié l’étape du jour, concoctée spécialement pour les sprinteurs. Un long tracé au départ de Rodez jusqu’à Carcassonne. L’année dernière, le Tour avait déjà fait étape dans la ville de l’Aude 2 jours durant. Consécration cette année pour Carcassonne qui accueille l’évènement pendant 3 jours. Et dans la cité médiévale, on est passé tout près de la première victoire tricolore du Tour. Jusqu’au bout on y a cru, mais à 400m de l’arrivée, le malheureux Benjamin Thomas s’est fait reprendre, doublé par le Belge Jasper Philipsen. Le Danois Jonas Vingegaard s’est lui fait peur. Mais malgré sa chute, il conserve la tunique dorée. Journée noire en revanche pour la Jumbo-Visma qui après l’abandon de Primoz Roglic ce matin, a perdu en fin de journée le Néerlandais Steven Kruijswijk. Le peloton dispose maintenant d’une journée de repos pour se remettre de ses émotions. Une journée de plus à rôtir sous le soleil de Carcassonne.

 

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