Il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent aujourd’hui. Le contrecoup sans doute des deux dernières journées mémorables passées dans les Alpes ! L’étape entre Le Bourg d’Oisans et Saint-Etienne a manqué de saveur et de ferveur. Seules 2 côtes et un col sont venus casser un peu la monotonie d’un tracé très urbain. La chaleur n’a pas aidé. Après plusieurs jours en altitude, le retour dans la fournaise de la vallée a fait suer les coureurs et le bitume ! Les Départements de France ont dû s’affairer !
Lui a plutôt l’habitude de prendre des virages serrés, de rouler sur les murs ou de sauter depuis un tremplin. Comme à Grenoble à la fin du mois de mai lorsqu’avec 20 autres pilotes français et internationaux, Aurélien Fontenoy a descendu la Bastille en VTT. Le vice-champion du monde de la discipline a fait le show à Bourg d’Oisans. Le Département de l’Isère a installé un village dans le village avec de nombreuses animations, dont le champion était incontestablement la cerise sur le gâteau. Pour lui, pas d’obstacle insurmontable. Aurélien Fontenoy s’est joué d’un ruban de balisage, d’un mur, d’une rampe. Sur ses deux roues ou juste sur une seule, il a fait briller les yeux des petits et des grands.
Mais pas d’acrobaties, ni de caillasses au menu de cette nouvelle étape. Une fois sortie du village départ, les coureurs se sont engagés sur un long tracé plutôt plat et… ennuyant. Après deux journées d’anthologie dans les Alpes, les vallées ont gentiment cédé leur place aux vallons et aux côtes plus modestes. Un test pour voir si les plus forts, c’est vraiment les verts ! L’épreuve du jour reliant Le Bourg d’Oisans à Saint-Etienne devait en effet favoriser les sprinteurs.
Des giratoires partout !
Pour les équipiers des Département de France, la journée a plutôt ressemblé à un long marathon. Points durs, giratoires, chicanes, balisettes ou encore ralentisseurs… Il y avait 220 panneaux de signalisation à poser sur près de 193 km ! Ce n’est pas un record, mais c’est bien plus que le chiffre moyen de 150 par jour. Pour la patrouille avant et les 3 fourgons qui la composent, le réveil fut donc très matinal ! Départ à 4h30, bien avant celui des coureurs à 13h18. Journée difficile aussi pour le gros Léon. Car si la chaleur fait souffrir les corps, elle fait aussi fondre le bitume, tel un fromage suintant sous l’effet du soleil. Hier déjà, le thermomètre affichait 35 degrés dans l’air à Saint-Jean-de-Maurienne et près de 60 au sol. Aujourd’hui, ce fut à peu près la même chose. 33 degrés en moyenne, 58 au sol. Alors la balayeuse des Vosges a beaucoup arrosé la chaussée. Pas trop tôt avant le passage des coureurs, sinon ça ne sert à rien. Mais pas trop tard non plus pour que la route ne soit pas trempée et par conséquent glissante. Tout est une question de timing ! Face à l’ampleur de la tâche, le gros Léon a été aidé par des locaux. Autre mission du jour : traquer les gravillons dans les descentes, et les clous. Plus d’une vingtaine ont été retrouvés à 10km de l’arrivée. Impossible de savoir s’il s’agit d’un acte malveillant ou d’une simple perte de matériel…
Assommé par la chaleur
Ajoutez à cela un thermomètre qui s’affole et la journée devient éreintante. Tout au long du parcours, on a cherché à se rafraîchir. Mais il n’y a guère qu’à l’Alpe d’Huez qu’on se retrouve aspergé d’eau à l’intérieur des véhicules. Au bord des routes, personne cette-fois pour nous jeter de l’eau à la figure. A la place : un public liquéfié sur place, rendu amorphe par la chaleur suffocante, cherchant le moindre coin d’ombre pour s’y affaler sur une chaise ou à même le sol. A les voir ainsi, on se dit que finalement, on n’est pas si mal lotis dans la climatisation de nos véhicules.
Quand soudain, une figure du Tour nous sort de notre léthargie. Au beau milieu du col de Parménie « El Diablo » baragouine des propos incompréhensibles. A bientôt 70 ans, cet Allemand (Didi Senft de son vrai nom) est devenu l’une des mascottes du Tour. Mais depuis Copenhague, aucune trace de lui. Nous voilà donc rassurés. Le vieil homme porte sa combinaison en polyester rouge, ses cornes, et son trident et il s’agite en attendant les coureurs.
Pour eux pas d’étape raccourcie ou tronquée. Qu’importe la chaleur. La grande machine qu’est le Tour continue sa marche en avant. Seul le covid est motif de défection. Aujourd’hui c’est le grimpeur Breton, Warren Barguil qui en a fait les frais en raison d’un test positif. Les autres toujours en lice ont donc souffert, comme tout le monde, dans la fournaise de la vallée. D’abord à Grenoble et sa cuvette – un four à ciel ouvert où comme le dit le diction, il y a « au bout de chaque rue, une montagne ». Puis à Vienne ou encore Lorette, ville de naissance du plus grand pilote français de formule 1 de tous les temps, Alain Prost. 12 communes du Pilat et de la vallée du Gier ont été traversées avant l’arrivée dans l’antre des Stéphanois : le stade Geoffroy-Guichard, plus si bouillonnant que ça depuis la relégation du club en ligue 2 à la fin du mois de mai… Et chez les Verts, c’est un Danois qui s’impose. Sorti du peloton dès les premiers hectomètres de course, Mads Pedersen s’est offert sa première victoire sur le Tour. Au classement général, rien ne bouge. Pour notre équipe, la journée de demain s’annonce moins chargée. Il n’y a plus qu’à espérer une étape plus excitante.