La voilà déjà qui pointe le bout de son nez où plutôt de son sommet. La montagne, juge arbitre implacable de la fin de la Grande Boucle, est arrivée avec de l’avance cette année. Ce ne sont pas encore les Alpes, mais le massif des Vosges et sa désormais incontournable station de La Planche des Belles Filles. Presque un passage obligé depuis 2012 et la victoire fracassante de Christopher Froome !
« On ne mettait pas assez en valeur les massifs intermédiaires » disait-on chez ASO. Mais depuis quelques années, l’organisateur du Tour a rectifié le tir. Aucune ville, aucun col, aucune station ne peut se prévaloir d’avoir été aussi souvent ville-étape ces derniers temps, à l’exception, bien sûr, de Paris. Une prouesse que l’on doit au Département de la Haute-Saône et à son Président Yves Krattinger, qui a eu du nez. Nous avons donc fait escale à La Planche des Belles Filles pour la 6ème fois en 10 ans, après avoir laissé derrière nous les usines sidérurgiques fantômes de Lorraine pour nous enfoncer dans les vallons vosgiens, le tout dans une ambiance qui sentait bon l’été, et pas seulement en raison du thermomètre qui grimpe !
Une Planche devenue mythique
Il y avait du monde sur les routes du Tour, en ce premier weekend de grand départ en vacances. En famille, avec les enfants, ils étaient nombreux à avoir sorti les chaises le long du parcours : 176,3 km très précisément, au départ de Tomblaine, qui héberge le stade du club de foot de l’AS Nancy. Une première moitié de parcours sans grand relief avant de voir la moyenne montagne émerger doucement mais surement à l’horizon. Sont ensuite venus les cols : ceux de Grosse Pierre et de Croix puis la mythique rampe de lancement de la Planche des Belles Filles. Avec ses 6 kilomètres d’ascension, des portions à 13%, un mur mythique de 20% et même un finish à 24% à l’arrivée (dans sa version Super du jour !), l’étape était taillée pour les plus costauds. La simple évocation de son nom évoque des exploits.
On se souvient par exemple de l’épuisement de Julian Alaphilippe (absent de la course cette année pour cause de blessure) qui s’était écroulé sur les barrières après avoir passé la ligne d’arrivée, et avait perdu le maillot jaune au profit de Giulio Ciccone pour quelques secondes seulement.
Ramenez la Planche à la maison
Lors des cinq précédentes arrivées à La Planche des Belles Filles, la tunique dorée a changé d’épaules. Malédiction déjouée ce vendredi par Tadej Pogacar. Déjà vainqueur la veille, le Slovène s’est imposé au sommet de la terrible montée en doublant dans les 100 derniers mètres le Danois Jonas Vingegaard. Il y a deux ans, il avait déjà renversé la situation au même endroit dans un contre-la-montre aux dépens de son compatriote slovène Primoz Roglic.
Mais en Haute-Saône, c’est surtout Thibaut Pinot qu’on attendait, comme le messie. Car le coureur de la Groupama-FDJ est ici chez lui. Son village n’est qu’à 15km de Plancher-les-mines, où débute l’ascension. « Ramène la planche à la maison » pouvait-on lire sur les affiches brandies par les spectateurs. Sur le bitume, de nombreux tags à la gloire du franc-comtois ont également été dessinés. Mais malgré les « Thibaut, Thibaut » qui claquaient dans l’air, le chouchou du public n’a finalement ramené qu’une 31ème place.
Pas le temps pour autant de ruminer sa déception. Il faut déjà penser à l’étape de demain. La 8ème entre Dole dans le Jura et Lausanne en Suisse. Encore une fois, l’équipe de Département de France va traverser la frontière. Quant à La Planche des Belles Filles, nous y reviendrons très vite, à l’occasion de l’étape finale du tour des femmes le 31 juillet prochain.