« Aucun prétendant au maillot jaune ne peut rater ce rendez-vous » disait en préambule le taulier du Tour de France, Christian Prudhomme. Et quel rendez-vous ! Entre les lacets de Montvernier, l’enchaînement Télégraphe-Galibier et le final au sommet du Granon, l’étape du jour fut celle de tous les superlatifs. Redoutable et redoutée, elle a grimpé haut, très haut, à 2 642m d’altitude et fut le théâtre d’une incroyable bagarre alpine, fatale à Tadej Pogacar. Le massif des Écrins a assisté, impuissant, à la défaillance du Slovène.
Mais avant de prendre de la hauteur, les coureurs avaient rendez-vous avec l’histoire. Albertville fêtait le 30ème anniversaire des Jeux Olympiques. Un saut dans le temps dès l’ouverture du village départ avec la projection d’un clip vidéo tourné par le Département de Savoie. Une minute retraçant les plus beaux moments des Jeux de 1992 et rendant hommage à tous les sports emblématiques de Savoie, comme le skate, le BMX ou le VTT, mais aussi le ski. Et pour que le souvenir soit intact, la flamme olympique a été rallumée pour l’occasion !
Le Tour en forme olympique
Aucun risque de faire fondre la neige, il n’y en a pas ! Nous sommes au beau milieu de l’été et les températures sont caniculaires. Pourtant, dans la vallée, les visiteurs ont pu skier, grâce à un casque de réalité virtuelle mis à disposition par le Département de la Savoie. Les pieds tenus par des sangles, les skieurs 1ère étoile ont dévalé les pistes et les bosses en slalomant de gauche à droite. Au-dessus de leur tête, du haut de ses 53 mètres, le mât olympique, symbole d’Albertville, veillait sur eux. Car si la Savoie est un terrain de jeu idéal pour le vélo, elle n’en reste pas moins une terre de ski. L’année prochaine, elle accueille même les championnats du monde de ski alpin dans la station de Courchevel-Méribel.
Mais pour le public, l’expérience virtuelle se résumait à des pistes vertes ou bleues. Rien à voir avec les cols hors catégorie qui se sont dressés sur la route de nos coureurs.
Le retour du Granon, 36 ans après
Un condensé de difficultés alpestres qui a débuté par les lacets de Montvernier avant une double ascension Télégraphe-Galibier jusqu’à atteindre 2 642m d’altitude. Déjà de quoi largement épuiser les jambes et le souffle, avec en prime la chaleur étouffante à gérer. Mais là ne fut pas le pire. Le calvaire s’est poursuivi avec la montée vers le mythique col du Granon. Il n’avait plus été gravi depuis 1986. Ceux qui étaient là s’en souviennent encore. Bernard Hinault, quintuple vainqueur de la Grande Boucle, ne dira pas le contraire. Il y a 36 ans, l’ogre briançonnais avait mis un terme à son épopée en jaune.
Fin de règne également pour Tadej Pogacar, assommé par la version 2022. Coup de chaud, ou coup de mou, le Slovène, à force d’être attaqué de toute part, a fini par craquer dans les 5 dernières minutes. Et de la pire des manières : en concédant 3 minutes au Danois Jonas Vingegaard, désormais nouveau leader du Tour. Une immense claque pour le double tenant du titre qui recule au 3ème rang du classement général.
Pour notre équipe : une claque visuelle. Cette étape fut sans aucun doute l’une des plus dures de cette édition, avec plus de 4000 mètres de dénivelé positif dans les mollets des coureurs. L’une des plus belles aussi. La montagne et son écrin minéral ont gagné les Départements de France, qui en redemandent ! Ça tombe bien, demain on reprend le Galibier dans l’autre sens avant d’attaquer deux autres cols classés hors catégorie. De quoi donner, une fois de plus le tournis en ce jour de fête nationale ! Avec, on l’espère, un feu d’artifice mémorable pour le retour de l’Alpe d’Huez dans la Grande Boucle !