Dans le contexte exceptionnel du Covid-19, les Départements, chefs de file de l’action sociale de proximité, sont plus que jamais mobilisés pour assurer une continuité de service notamment pour nos concitoyens les plus fragiles, en plaçant l’accompagnement des enfants et des familles au cœur de leurs politiques de solidarité. Face au danger d’autant plus accru en période de confinement, les Départements mettent également en place des dispositifs adaptés pour protéger les victimes de violences intrafamiliales.
Protection de l’enfance et Protection Maternelle et Infantile (PMI) : une vigilance accrue des Départements
Dominique Bussereau, Président de l’ADF, l’a rappelé sur Public Sénat le 31 mars dernier : face à cette crise sanitaire, les Départements assument l’une de leur mission fondamentale, « la solidarité sociale », « avec l’aide aux publics dont les Départements sont responsables, parmi lesquels la petite enfance et la protection de l’enfance. »
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Un accompagnement des jeunes renforcé pour faire face à une situation inédite
Dans le domaine de la protection de l’enfance, l’enjeu pour les Départements en cette période est d’assurer une continuité des mesures d’aide éducative à domicile. Bien que les visites à domicile soient limitées, la vigilance est accrue. Plusieurs Départements ont mis en place des mesures exceptionnelles adaptées à la crise sanitaire :
Dans le Finistère, le Département a créé deux foyers pour les jeunes confiés à des assistants familiaux, pour lesquels le confinement risque d’être compliqué. Des mises à l’écart ont été prévues dans les situations difficiles, ainsi qu’un lieu d’accueil pour les jeunes qui pourraient être contaminés afin de les soigner, en lien avec l’hôpital Gourmelen, à Quimper. De plus, le Département a mis en place un dispositif d’écoute et conseils pour les adolescents de 12 à 25 ans via la Maison des adolescents, et des points écoutes jeunes (PASAJ et PARENTEL).
La Haute-Garonne a ouvert, le 30 mars dernier, un centre d’« accueil d’urgence solidaire » au Domaine d’Ariane à Mondonville, à destination des enfants âgés de 3 à 18 ans en difficulté, en lien avec la Ligue de l’Enseignement et l’Association nationale de Recherche et d’Action Solidaire. Les jeunes sont accompagnés sur le site par un référent ASE et le cas échéant par leur famille d’accueil, en lien avec les équipes de coordination du Département. Une équipe pluridisciplinaire de 7 professionnels volontaires et spécialisés dans la protection de l’enfance (psychologues, infirmières puéricultrices, éducateurs de jeunes enfants, éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, etc.) est mobilisée pour les accueillir.
En Vendée, le personnel du Foyer départemental de l’enfance (FDE) de La Roche-sur-Yon peut s’appuyer sur la solidarité entre collègues. Des agents d’entretien de différents collèges alentours sont venus prêter main-forte pour l’entretien des espaces de vie et du linge. Afin d’assurer la continuité de prise en charge et de garantir une présence individuelle pour certains enfants, des personnels et agents de plusieurs directions de la Protection de l’Enfance se sont aussi rendus disponibles auprès des enfants de 6 à 14 ans. « Je tiens à remercier tous ces agents départementaux qui, face à cette épidémie aussi virulente qu’inédite, font preuve d’un engagement admirable », a souligné Yves Auvinet, Président du Département.
Enfin, dans le Nord, l’association Le GAP (Groupement des Associations Partenaires), engagée dans la protection de l’enfance, recrute animateurs, enseignants étudiants, bénévoles et CDD pour maintenir l’accompagnement des jeunes de 3 à 21 ans durant le confinement (aide aux devoirs, activités manuelles, sportives, artistiques, etc.)
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Les services de la PMI mobilisés malgré la crise sanitaire
Les consultations en matière de Protection Maternelle et Infantile sont maintenues dans les Départements pour les nourrissons, les suivis de grossesse et la planification familiale. Des visites à domicile et des interventions des travailleurs sociaux sont assurées pour les situations d’urgence sociale.
Depuis le 16 mars dernier, et dans le contexte exceptionnel actuel, les assistantes maternelles exerçant à domicile (salariées de particuliers employeurs ou de crèches familiales) sont autorisées à accueillir jusqu’à 6 enfants de moins de trois ans. Ce dispositif a déjà été mis en place dans de nombreux Départements dont le Doubs, l’Isère, le Rhône, la Saône-et-Loire, le Maine-et-Loire…
Certains Départements comme la Manche ou le Bas-Rhin ont mis en place un numéro d’appel dédié pour répondre aux interrogations des assistantes maternelles.
La Moselle a mis en œuvre un dispositif permettant de basculer les appels non prioritaires au SAMU vers un numéro unique en PMI, géré par une cellule de cinq puéricultrices. En renfort des professionnels du 15, ces spécialistes santé de la petite enfance assurent une écoute active et procurent des renseignements concrets sur les inquiétudes des parents de jeunes enfants ou sur celles des femmes enceintes. En fonction de la demande, elles apportent une réponse de premier niveau.
En Seine-Saint-Denis, le maintien de liens téléphoniques pour permettre aux assistantes maternelles de rester en contact avec leurs interlocuteurs habituels est assuré depuis le début du confinement. Les équipes ont été recomposées pour faire face. Ainsi, certaines sages-femmes de PMI sont mobilisées dans les maternités, en renfort, tandis que d’autres sages-femmes et puéricultrices interviennent dans des unités « Covid+ » pour des sorties de femmes dépistées au moment de leur accouchement.
Violences conjugales et intrafamiliales : les Départements plus que jamais attentifs
Le contexte actuel de confinement, indispensable à l’endiguement de l’épidémie, peut favoriser, voire accentuer les tensions intrafamiliales et notamment les violences conjugales et les maltraitances infantiles. Durant cette période, les Départements sont particulièrement attentifs à la sécurité et aux droits des publics les plus fragiles et continuent à assurer une continuité des services, en lien avec les services de l’Etat, les acteurs et les structures mobilisés grâce au télétravail. Ils peuvent ainsi poursuivre une mise à l’abri en cas de besoin. Les plateformes de signalement restent quant à elles pleinement opérationnelles.
Pour les enfants exposés à une situation de danger, en cas d’urgence, des ordonnances de placement provisoire peuvent être rendues par les magistrats pour garantir leur protection. L’accueil de ces enfants est assuré par la collectivité départementale en charge de la protection de l’enfance. Le 119 (allo119.gouv.fr) est totalement mobilisé pour les situations d’enfants en danger ou en risque de l’être.
Concernant les violences faites aux femmes, de nombreux Départements (Mayenne, Charente-Maritime, Hauts-de-Seine, Loire-Atlantique, Val-de-Marne, Ille-et-Vilaine, Hérault, Corrèze…) sensibilisent à ces situations dramatiques en rappelant que des lieux d’accueil et des permanences téléphoniques nationales (3919 ou 114, numéro d’urgence pour alerter par sms) sont mis en place pour apporter une réponse adaptée aux femmes victimes de violences conjugales pendant cette période de confinement, en coordination avec l’ensemble des acteurs locaux impliqués.
La Seine-Saint-Denis a annoncé le 30 mars dernier prendre en charge durant le confinement le financement de chambres d’hôtel dans le cadre des procédures d’éloignement de conjoints violents. « Avec cette nouvelle initiative, nous nous assurons de l’éloignement du conjoint violent lorsque la justice a prononcé leur éviction du domicile familial, tout en respectant les règles que dicte le confinement », a expliqué Stéphane Troussel à propos de cette mesure novatrice.
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Des appels au bénévolat qui se multiplient pour veiller sur les plus vulnérables
En complément de la plateforme de l’Etat jeveuxaider.gouv.fr, on constate la poursuite et le renforcement de la solidarité infra et interdépartementale en matière de santé et d’aide d’urgence, avec des démarches d’appel au volontariat qui se multiplient auprès des agents départementaux.
Le 29 mars dernier, la Somme a lancé un « appel solidaire » au volontariat auprès de l’ensemble des agents départementaux pour prendre des nouvelles des publics vulnérables, bénéficiaires des aides sociales du Département dont il assure habituellement l’accompagnement. Ces « appelants » volontaires sont appuyés, au besoin, par des référents techniques des services de solidarité et par un guide d’appel. Ce sont ainsi quelques 30 000 personnes habituellement accompagnées par les travailleurs sociaux du Département qui sont ainsi ciblées par ces appels de courtoisie.
La Seine-et-Marne a réactivé dès le début de la crise son dispositif « Seine-et-Marne Entr’aide », créé lors des inondations de 2016. L’objectif est de permettre à des bénévoles de prêter main forte à des associations ou à des communes pour des missions de solidarité auprès des publics les plus fragiles dans le cadre de la crise sanitaire. Près de 900 volontaires se sont déjà inscrits sur cette plateforme via un formulaire en ligne sur le site Seine-et-Marne.fr. Certains sont déjà à pied d’œuvre sur l’ensemble du territoire. Cette « réserve départementale de solidarité » sera mobilisée au fur et à mesure des besoins pendant toute la durée de l’épidémie, et pendant la période de sortie de crise.
Dans le cadre du plan « Meurthe-et-Moselle solidarité », la Meurthe-et-Moselle organise quant à elle la mobilisation des bénévoles pouvant intervenir dans plusieurs domaines dont le lien avec les personnes fragiles isolées et la solidarité de proximité (services d’aides à domicile, maisons de retraites, établissements pour personnes handicapées et résidences autonomie, voisins, etc.).
Lancement d’une opération de dépistage massif du Covid-19 dans les EHPAD
Le 6 avril dernier, le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran annonçait le lancement d’une opération massive de dépistage dans les Ehpad, réclamée par les Départements depuis plusieurs semaines, afin de freiner la propagation du virus dans ces lieux particulièrement exposés. À terme, l’ensemble des résidents et des personnels seront testés.
Le Ministre de la Santé, en accord avec Dominique Bussereau, Président de l’ADF, a confié aux Conseils départementaux volontaires la réalisation de ces tests de dépistage Covid-19.
Dans la situation dramatique que traversent ces établissements, cette mesure cruciale sera mise en œuvre dans les délais les plus brefs possibles. Totalement mobilisés auprès de leurs concitoyens les plus fragiles et aux côtés de ceux qui les accompagnent dans leur vie quotidienne, les Départements vont apporter leur concours actif à cette action de grande ampleur.
La Charente-Maritime compte 110 Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes représentant 8 500 résidents et 5 000 employés. En coordination avec l’ARS et l’Etat, le Département mobilise le laboratoire interdépartemental Qualyse, qui vient d’obtenir l’autorisation de réaliser des tests de dépistage du Covid-19, ainsi que les personnels départementaux nécessaires pour permettre le lancement de ce dispositif dans les meilleurs délais. L’opération de dépistage dans les Ehpad que va engager la Charente-Maritime portera le nom symbolique de « Pensées ».