Après les autorités d’outre-Rhin et la Commission européenne, le Gouvernement français a annoncé le 3 septembre dernier, lors de la présentation de son plan de relance, un ambitieux projet à hauteur de sept milliards d’euros, en faveur de l’hydrogène vert. Ce coup d’accélérateur va dans le sens d’une transition écologique, à l’initiative de Départements tels que la Vendée, l’Indre, la Manche ou encore ceux des régions du Grand-Est et du Centre. Des mesures de bon sens que devraient adopter d’autres Départements, soucieux d’accompagner une mutation énergétique devenue nécessaire, notamment dans les transports, l’un des domaines les plus polluants.
L’hydrogène renouvelable, ou hydrogène vert, est considéré comme le vecteur d’avenir pour la mobilité décarbonée. Carburant zéro émission de gaz à effet de serre (GES), il apporte des avantages par rapport au tout électrique : une plus grande autonomie et une rapidité de recharge qui constitue une réponse adaptée à des profils d’usages contraignants. C’est pourquoi, de nombreux projets « hydrogène » se développent actuellement sur notre territoire.
Le Grand-Est voit grand
Au-delà des ambitions affichées, les Départements ont un rôle à jouer entre l’offre et la demande. En évaluant les ressources disponibles, mais aussi les besoins à moyen et long terme, ils se doivent de travailler sur le développement des usages et des infrastructures, en parallèle de l’augmentation de production. Le projet de station de recharge hydrogène « FaHyence » dans la Moselle en est une bonne illustration. Installée en 2017, il s’agit d’une première en France. Elle a permis de valider une brique technologique pour la filière hydrogène et les conditions de sécurité pour la production locale et l’avitaillement. Mais ce projet a montré que, sans écosystème hydrogène autour, il n’y a pas de viabilité économique. Difficile en effet de convaincre particuliers et professionnels de se doter de véhicules à hydrogène sans spécialistes, garagistes en l’occurrence, dans les environs… L’ensemble du territoire Grand-Est prévoit justement le développement d’une « vallée de l’hydrogène », qui entend déployer, d’ici 2028, 40 à 100 stations alimentées en hydrogène pour produire localement, 2000 à 5000 véhicules utilitaires légers ainsi que 80 à 200 véhicules de transport lourd (bus, camions, bateaux).
Au cœur de la France, le premier territoire européen à hydrogène
Les Départements du pourtour auvergnat et rhônalpin ne sont pas en reste. Avec leur projet « Zero Emission Valley », ils entendent même devenir le principal pôle européen en hydrogène pure. Pour amorcer son développement, il est prévu l’installation de 20 stations de recharge (la première a été inaugurée le 14 février dernier à Chambéry en Savoie) et le déploiement de 1000 véhicules. Pour mailler l’ensemble, les Départements concernés, notamment le Puy-de-Dôme, la Loire, le Rhône et l’Isère, souhaitent travailler de concert avec leurs proches voisins et pays frontaliers. Cela tombe bien, l’Occitanie s’est également mise sur les rangs : si aujourd’hui, 95 % de l’hydrogène est produit à partir d’énergie fossile, les nombreux dispositifs hydrauliques dans les Départements du Sud-Ouest de la France, des Pyrénées-Atlantiques jusqu’à l’Aveyron, en passant par la Haute-Garonne et le Tarn, pourraient développer une filière propre à partir de l’électrolyse de l’eau. A terme, la volonté de faire rouler des trains et faire voler des avions… 100% décarbonés ! La compagnie Airbus basée à Toulouse-Blagnac est d’ailleurs prête à relever le défi pour 2035…
Des initiatives à taille humaine
Entre deux itinéraires cyclables d’envergure, que sont l’Indre et la Loire à vélo, quoi de plus judicieux que de développer une flotte de vélos à assistance électrique hydrogène ? Cet été, les tourangeaux ont pu tester cette nouvelle technologie, avec pile à combustible embarquée, le nec plus ultra en matière d’énergie propre, garantissant de plus une autonomie optimum, mieux que le Lithium ! Parallèlement, pour compléter sa palette de mobilité, la collectivité Touraine Vallée de l’Indre a été retenue dans le cadre du programme « Interreg North West Europe », qui vise au déploiement à l’horizon 2023 de bennes à ordures ménagères à hydrogène. Et à Bouin, en Vendée, au bord de l’Atlantique ? Le cadre est idéal : de l’eau de mer arrive dans le canal du port du Bec pour fabriquer ce carburant de l’avenir, sans oublier qu’un kilo d’hydrogène permet de rouler pendant 100 kilomètres. C’est ce que le Département de la Manche a identifié dès 2015 : la pertinence de la solution hydrogène, en s’engageant financièrement dans la première station de distribution en France. Après avoir innové avec des véhicules légers puis des vélos, la Manche a poursuivi son investissement de la mobilité hydrogène en s’intéressant aux poids-lourds. Mis en œuvre en 2019, le projet « ETHyR CoManche » se poursuit toujours en 2020, dans la perspective d’une réponse au prochain appel à projet « Mobilité H2 » de l’Agence de la transition écologique (ADEME).