Le Prix Lamartine des Départements de France, créé en 2018 par l’ADF, récompense chaque année une œuvre littéraire contribuant à la mise en lumière des Départements. Pour sa quatrième édition, François Sauvadet, Président de l’ADF, a remis le 19 octobre dernier, le Prix Lamartine 2021 à Eric Fottorino pour son roman «Mohican » (éditions Gallimard). L’intrigue se noue dans le Jura où le modernisme pose la question du destin d’une longue lignée de paysans. A cette occasion, le Président a tenu à rappeler l’importance de la littérature pour «matérialiser et sublimer l’esprit vivant de nos Départements».
Le Prix littéraire des Départements de France rend hommage à Alphonse de Lamartine. L’écrivain et poète romantique du XIXème siècle, pour qui «le monde est un livre dont chaque pas nous ouvre une page», fut Président du Conseil général de Saône-et-Loire en 1836-1837, 1839-1843 puis en 1848-1851. « C’est un homme tant engagé dans l’action publique départementale » précise François Sauvadet. Le Prix Lamartine 2021 marque également le premier mandat du Président de l’ADF, qui a tenu à rappeler son attachement à la valorisation littéraires de nos territoires.
Un Jury d’exception
Le Jury Lamartine 2021 compte huit personnalités d’exception menant des carrières très variées, permettant d’enrichir de leurs visions, les débats de sélection :
- Eric Neuhoff, Président du Jury, journaliste et écrivain
- Florence Bertrand Kervern, docteur en droit privé, professeur à l’université Paris-Dauphine
- Dominique Bona, académicienne et écrivaine
- Hubert Delaume, médecin de campagne
- Martine Gasquet-Daugreilh, ancienne députée et ancienne directrice de la Culture de la Ville de Nice et du Centre Universitaire Méditerranéen
- Sébastien Le Fol, journaliste au Point
- Pierre Monzani, préfet hors classe
- Xavier Patier, haut-fonctionnaire et écrivain
Sous la présidence d’Eric Neuhoff qui, avec Denis Tillinac, ancien Président du Jury du Prix Lamartine (disparu en 2020), a incarné le mouvement littéraire «Néo-Hussard», le lauréat 2021 a été désigné parmi la sélection suivante:
- Entre la source et l’estuaire, Grégoire Domenach, La Dilletante
- Mohican, Eric Fottorino, Gallimard
- Campagne, Matthieu Falcone, Albin Michel
- L’art d’être français, Michel Onfray, Bouquins
- Dans ma rue, y avait trois boutiques, Anthony Palou, La Cité
«Mohican», un beau roman
Quitter le monde rural, n’est-ce pas à la fois démissionner de ses racines et de son avenir ? Que fait-on de l’héritage que ses ancêtres ont protégé tant de siècles au prix de leurs vies? Voici en substance le thème de «Mohican», primé cette année : «Cinquante hectares de champs, de prairies de fauche et de vignes, parsemés de vergers et d’une sombre armée de sapins» : tel est le rude domaine aux longs hivers que la famille Danthôme exploite depuis des temps immémoriaux sur les pentes jurassiennes. Mo, 36 ans, fils unique, est le dernier-né de cette lignée solidement enracinée, amoureuse de sa terre et de ses bêtes, mais souvent mise à rude épreuve. Une série de flash-back décrit l’évolution à marche forcée du monde agricole depuis l’après-guerre: mécanisation à l’anglo-saxonne, soumission au marché, perte d’identité, usage intensif des engrais et des pesticides. Brun Danthôme, le père, doit à ces derniers la relative prospérité de sa ferme, ainsi qu’une fierté d’entrepreneur «moderne», toujours pressé d’adopter les dernières nouveautés. Mais le voilà forcé à payer le prix de cette adhésion inconditionnelle à l’agrochimie, quand une leucémie se déclare. Il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Désireux de solder ses dettes, financières autant qu’environnementales, Brun cède aux propositions enjôleuses d’un promoteur éolien. Un merveilleux avenir se dessine pour ses descendants : «Produire une énergie propre, une électricité pure et sans aucun déchet…». Mo, qui n’a pas été consulté et envisageait pour sa terre un tout autre destin, va hériter d’une rente annuelle de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Un pacte faustien transgénérationnel, truffé de petites lignes en bas de page, qui le révulse.
On ne saurait trop vous inciter à vous procurer ce bel ouvrage… Une belle histoire, une romance d’aujourd’hui…