168 kilomètres entre Millau et Lavaur, de l’Aveyron au Tarn. Une étape courte, tout sauf plate, sans être vraiment escarpée. Une étape de transition, diront certains, un profil pour baroudeurs et une fin d’étape propice aux équipes de sprinters. Avec 29 degrés sur la ligne de départ, le bob « Millau Jaune » était de rigueur pour ce 7e rendez-vous sous le soleil occitan et le vent d’antan !
Le vent lui va comme un gant
Remake de 2018 dans la Cité du Gant, le départ réel fut donné au pied du viaduc qui participe depuis le début des années 2000 à la renommée des lieux. Les addicts de Bison Fûté et de ses prévisions s’en souviennent : bouchons systématiques lors de la traversée de Millau, au moment des grandes transhumances estivales ! Il fallait un passage pour résorber ce point noir et désenclaver le Massif Central. Là où un simple pont unit deux rives, le viaduc allait faire mieux : relier deux points en hauteur. Après trois ans de construction, le viaduc de tous les records, long de près de 2,5 km est mis en service en 2004. 7 piles en béton et en acier supportent la route, culminant à plus de 220 mètres. A lui seul le tablier pèse 36 000 tonnes, soit le poids de 5 100 éléphants. Les pylônes supportant les 154 haubans s’élèvent à près de 90 mètres au-dessus de la route. La construction de cet ouvrage hors norme expose au monde le savoir-faire français.
Rapidement après le départ, les coureurs ont avalé les premières pentes, sur une route vallonnée, sinueuse et sujette au vent. Adieu les Causses Rouges de l’Aveyron, direction le sud-ouest pour rejoindre une forteresse de briques dans le Tarn. Au pays du rugby, du Castres Olympique et de la Route d’Occitanie, qui a brillamment réouvert la saison de cyclisme post-confinement, le passage du Tour de France a réuni, pour notre plus grand plaisir, quelques grappes de public dans la traversée des patelins. A Lavaur, les enfants ont même pu faire l’école buissonnière, le temps de profiter de la fête !
En bordures du Tarn
Côté course, peu de son sur les ondes de Radio Tour pendant 140 kilomètres… Il est des fois où le danger ne vient pas de ses adversaires. S’ils étaient 172 coureurs ce matin au départ de Millau, c’était sans compter sur cet invité de dernière minute, un habitué des finals en terres occitanes : le vent d’autan ! Et les arrivées dans le Tarn réservent bien souvent leur lot de surprises… Souvenez-vous en 2019. Thibaut Pinot et son équipe se faisaient piéger par le vent en sortie de giratoire. Sanction immédiate à Albi : 1’40’’, de précieuses secondes perdues sur ses principaux adversaires, anéantissant son rêve de victoire. La tuile. Au pays de la brique rose, ça fait désordre…
Or si le Tour ne se gagne pas en bordure du Tarn, il y a bien souvent fort à perdre en Pays de Cocagne ! Ce matin dans le bus des Groupama FDJ, la consigne a dû être claire : éviter à tout prix les coups de bordure, protéger le leader haut-saônois. Message reçu. Car comme prévu, le peloton a fini par se scinder, à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, sans conséquence pour les Français restés attentifs. Wout Van Aert signe une seconde victoire, déjà la troisième pour l’équipe Jumbo Wisma. Pogaçar est relégué à 1 minute 21 secondes de ses rivaux, Sagan reprend la tunique verte. Qui a dit que ça n’était qu’une étape de transition ?