Les territoires retenus pour le Plan « Logement d’abord » viennent d’être dévoilés le vendredi 30 mars. Vingt-quatre territoires (au lieu des quinze initialement prévus) ont finalement été sélectionnés parmi les trente et une réponses à l’appel à manifestation d’intérêt pour favoriser l’accès au logement des ménages les plus précaires dans une stratégie de réinsertion par le logement. Six Départements figurent dans les territoires choisis, dont deux co-portés avec une Métropole. Zoom sur le dispositif et l’implication des Départements dans la démarche.
Priorité au logement comme condition première à l’insertion
La stratégie dit « Logement d’abord » constitue un changement de paradigme par rapport à l’approche classique de l’accompagnement des personnes en grande difficulté. Elle suppose de positionner le logement comme un tremplin dans un parcours d’insertion, comme un préalable à la reconstruction des personnes que les accidents de la vie ont mis au bord du chemin. Une stratégie à laquelle les Départements, chefs de file des solidarités, ont toujours apporté leur soutien. « Le fait de garantir l’accès à un logement pérenne doit être le préalable à la suite duquel se construit un parcours d’insertion sociale, professionnelle et citoyenne, pour une plus grande stabilité du cadre de vie » rappelait Stéphane Troussel, Président du Département de la Seine-Saint-Denis, sur son blog à l’annonce des sélections.
Ce nouveau plan quinquennal vise à permettre l’accès à un logement pour les personnes sans-domicile sans passer au préalable par un centre d’hébergement d’urgence. Une réforme structurelle qui vient répondre à un besoin majeur : pallier les difficultés des dispositifs d’urgence déjà saturés et inscrire la lutte contre le « sans-abrisme » dans une approche plus globale et concrète. Les personnes sans-domicile devraient ainsi rapidement être orientées de l’hébergement vers un logement durable grâce à un accompagnement adapté, modulable et pluridisciplinaire.
Le Plan prévoit en ce sens de porter l’objectif de production à 40 000 logements très sociaux par an dès 2018, d’ouvrir sur cinq ans 10 000 places en pensions de famille pour les personnes isolées en situation d’exclusion et de créer sur cinq ans 40 000 places supplémentaires principalement dans le parc locatif privé. Un effort qui s’accompagnera d’une large mobilisation des acteurs et des territoires parmi lesquels les vingt-quatre retenus le 30 mars.
Des territoires de mise en œuvre accélérée du Plan logement d’abord
Acteurs majeurs des politiques sociales, les Départements se sont dès l’origine fortement mobilisés ; preuve en est leur adhésion et leur implication dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt lancé en novembre 2017 par la DIHAL (délégation interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement).
Défendus et encouragés par l’ADF, ils sont six Départements urbains et ruraux à avoir retenu l’attention du comité de sélection composé des grandes fédérations du secteur de l’hébergement et du logement, des trois associations d’élus partenaires (ADCF, ADF et France urbaine) et de l’Anah : la Seine-Saint-Denis, le Pas-de-Calais, la Sarthe, le Doubs, ainsi que la Gironde et le Puy-de-Dôme en lien respectivement avec les Métropoles de Bordeaux et de Clermont-Ferrand.
Sur ces territoires volontaires, l’Etat, les collectivités locales, les acteurs de l’hébergement et du logement et l’ensemble de leurs partenaires sanitaires et sociaux s’engageront conjointement sur des objectifs partagés de résultats et de moyens afin de réduire drastiquement et de façon soutenue le « sans-abrisme ». La mise en œuvre accélérée du plan sera facilitée par une gouvernance adaptée et un plan d’action ambitieux. Outre les outils existants, des moyens financiers spécifiques et renforcés seront déployés dès 2018 pour soutenir en particulier l’ingénierie, le renforcement d’actions innovantes, le suivi, l’évaluation et le développement des dispositifs de logement adapté et accompagné. Les collectivités sélectionnées joueront un rôle de chef d’orchestre pour assurer une synergie entre les acteurs.
Plus que des territoires d’expérimentation, ils portent en eux la capacité des Départements à interroger leurs pratiques, à les faire évoluer et à innover.